AudĂ©but de la pandĂ©mie, je pensais que l’un des bons cĂŽtĂ©s Ă  long terme serait de rendre les villes chĂšres comme Londres moins chĂšres pour les jeunes locataires. Je pensais
TLFi AcadĂ©mie9e Ă©dition AcadĂ©mie8e Ă©dition AcadĂ©mie4e Ă©dition BDLPFrancophonie BHVFattestations DMF1330 - 1500 MILIEU, subst. − 1. [Dans l'espace]a Partie point, ligne, plan, etc. d'une chose qui est Ă  Ă©gale distance des extrĂ©mitĂ©s, des bords de cette chose. Synon. rĂ©gion. vieilli corridor donnait accĂšs dans une vaste cour dallĂ©e de marbre dont le milieu Ă©tait occupĂ© par un bassin de forme ovale Louys, Aphrodite,1896, grand poĂȘle Ă  trois ponts occupait le milieu de la maison HĂ©mon, derriĂšre lui, le poussa vers le milieu de la piĂšce Van der Meersch,Invas. 14, 1935, Dans le, en son milieu. Chacune de ces lames est partagĂ©e en deux dans son milieu par une scissure Cuvier,Anat. comp., 1805, Par le milieu. [Un pont gigantesque] que l'on aurait coupĂ© par le milieu, pour fermer le passage Ă  une armĂ©e de Titans Gautier,Tra los montes,1843, y avait bien trop de bruit aussi pour qu'on ait rien entendu jusqu'au moment oĂč tous les arbres ont Ă©tĂ© cassĂ©s par le milieu dans les vergers Ramuz,Gde peur mont.,1926, α SpĂ©cialement♩ THÉÂTRE. Partie centrale de la scĂšne1. Rodrigue ... entre par la porte de droite, traverse la scĂšne ...; il revient vers le milieu aprĂšs avoir jetĂ© un coup d'Ɠil, et disparaĂźt... Claudel,Soulier,1944, 1repart., 2ejournĂ©e, 3, une indication scĂ©nique] Le Sous-PrĂ©fet, entraĂźnant sa femme Ă  part milieu scĂšne et Ă  mi-voix, trĂšs posĂ©ment Feydeau,Dame Maxim's,1914, 2, 11, MUS. Selon que le violoniste, pour Ă©branler la corde, met en oeuvre telle ou telle partie de l'archet, soit la pointe, soit le talon, soit le milieu, il se produira des diffĂ©rences sensibles dans la nature de la sonoritĂ© Gevaert,Instrument.,1885, [du violon] se divise en 3 parties principales, qui sont le talon, le milieu, la pointe Capet,Techn. sup. archet,1916, parlant d'une oeuvre musicale] 2. Le Milieu [d'un morceau de musique de la forme de l'Andante] peut ĂȘtre construit, soit sur une deuxiĂšme idĂ©e indĂ©pendante de la premiĂšre, soit sur un motif qui pourra servir de Contre-Sujet Ă  la RĂ©exposition. DuprĂ©,Improvis. orgue,1925, ÎČ P. mĂ©ton.♩ CHORÉGR. Ensemble des exercices exĂ©cutĂ©s au milieu de la salle de classe, sans l'appui de la barre. Une leçon de danse comporte 1oles exercices Ă  la Barre» ... 2ole Milieu» divisĂ© en quatre parties Meunier,Danse class.,1931, Milieu de table. PiĂšce de vaisselle dĂ©corative, gĂ©nĂ©ralement en argenterie ou en porcelaine, que l'on place au milieu d'une table. Dict. xixeet xxes.. Synon. surtout. Îł P. anal.♩ Du milieu. [Pour situer une pers. ou une chose placĂ©e au centre, entre plusieurs autres] Les deux incisives du milieu sont remplacĂ©es la seconde annĂ©e de la vie Cuvier,Anat. comp., 1805, comprend qu'il est devant le Komit-Intern pour son propre compte. Les trois commissaires du milieu se tournent vers lui Jouve,ScĂšne capit.,1935, du Milieu vieilli. L'Empire de Chine, la Chine. Ac. 1878-1935. C'est l'Empire du milieu, Oui, corbleu, Autrement nommĂ© la Chine Pommier,Colifichets,1860, De milieu. [En parlant d'un meuble] Qui est destinĂ© Ă  ĂȘtre Ă©loignĂ© des murs d'une piĂšce. Tables en lave .... Tables de milieu, en lave sur monture mĂ©tallique, pour sĂ©rie d'Ă©lĂšves Catal. instruments lab. [Prolabo], 1932, de milieu. Lit Ă©loignĂ© des murs latĂ©raux d'une chambre. Mais quelle fĂ©licitĂ© que ce semblant plus que modeste, de l'ancienne modeste, mais commode chambre naguĂšre hĂ©las! conjugale, avec son lit de milieu» Verlaine, ƒuvres compl., Prisons, 1893, Emploi adj., rare. SituĂ© au milieu. Rochefort ... entre les terres refusĂ©es des Rohan et des Mortemart, fondĂ©e par Colbert, est le point milieu entre l'Angoumois, le Poitou, la Saintonge, le PĂ©rigord, le Limousin Michelet,Journal,1831, perpendiculaire milieu [d'un navire] est Ă  Ă©gale distance des [perpendiculaires avant et arriĂšre] Croneau, Constr. nav. guerre, 1892, livet ex. de Locutions α Loc. adv. Au milieu. Au centre; p. ext., Ă  l'intĂ©rieur, Ă  un endroit relativement Ă©loignĂ© des bords, de la pĂ©riphĂ©rie. Il la conduisit dans un enclos entourĂ© d'une haie de citronniers sauvages; au milieu Ă©toit une chĂ©tive demeure, oĂč tout respiroit la tristesse et la misĂšre Cottin,Mathilde, 1805, la table ronde, il y avait une nappe blanche, les assiettes en forme de feuilles vertes chargĂ©es de gĂąteaux, de petits fours, de biscuits, de bonbons... Au milieu trĂŽnait la tarte faite par Henriette Triolet,Prem. accroc,1945, ÎČ Loc. prĂ©p. Au milieu de. Au centre de, dans la partie centrale de. Ils s'arrĂȘtĂšrent au milieu du carrefour et firent groupe, comme des gens qui se consultent Hugo,MisĂ©r., 1862, un filon pour Blaire, dit Carassus, qui a au milieu de la figure un drĂŽle de grand nez qui ne lui va pas Barbusse,Feu,1916, matin du 16 avril, le docteur Bernard Rieux sortit de son cabinet et buta sur un rat mort, au milieu du palier Camus,Peste,1947, P. ext. À l'intĂ©rieur de, Ă  un endroit relativement Ă©loignĂ© des bords, de la pĂ©riphĂ©rie de. Synon. au coeur de, est reprĂ©sentĂ©e au milieu d'un intĂ©rieur singuliĂšrement bourgeois StaĂ«l,Allemagne, 1810, Synon. avec une nuance fam. en pleine.Je me retrouvai seul au milieu de Paris, Ă  une heure inaccoutumĂ©e Fromentin,Dominique,1863, ne s'arrĂȘta pas, sourit aux enfants, et la laissa plantĂ©e au milieu de la route. Elle n'avait point de religion, mais elle s'Ă©tait imaginĂ© brusquement que ce prĂȘtre allait lui donner quelque chose Zola,Germinal,1885, [Avec un compl. au plur.] Dans un vaste enclos Ă©taient parquĂ©s, au milieu des citronniers et des tamaris, les taureaux que l'on conduirait ce soir Ă  la gare des Merinales Montherl.,Bestiaires,1926, me lĂšve toujours avec un sentiment d'inquiĂ©tude et n'ayant pas de plan de travail arrĂȘtĂ© d'avance. Je demeure incertain au milieu de mes livres et de mes papiers Maine de Biran,Journal,1816, [Avec une nuance fam. et une valeur intensive] Au beau milieu de v. beau III A 1, en plein milieu de. De peu s'en fallut qu'il ne trouvĂąt interminables les trente tours de roue qu'il y avait, de son logis Ă  celui du coiffeur, juste au beau milieu des Champs-ElysĂ©es Bourges,CrĂ©pusc. dieux,1884, mĂ©nage, tu as vu ça? La boĂźte Ă  ordures en plein milieu de la cuisine Dabit,HĂŽtel Nord,1929, Tout au milieu de, tout au beau milieu de. Il y avait dans la cĂŽte un pauvre diable vagabondant avec son bĂąton, tout au milieu des diligences Flaub.,MmeBovary, 1857, monde, tel qu'ils le conçoivent, est jeune, simple et naĂŻf comme eux. Jacqueline y voit Miraut et Miraut y voit Jacqueline tout au beau milieu A. France,P. NoziĂšre,1899, P. anal. [Dans le temps]a Partie, moment Ă©galement Ă©loignĂ© des deux termes d'une pĂ©riode dĂ©terminĂ©e. Du 15 novembre au milieu de mars, bon ouvrier comme il l'Ă©tait, il trouvait bien cinquante journĂ©es Ă  faire dans les bois R. Bazin,BlĂ©,1907, quel homme, une fois atteint le tournant du milieu de la vie, trouve encore quelque intĂ©rĂȘt Ă  ses propres passions? Mauriac,Journal 2,1937, Vers le milieu de. Vers le milieu du siĂšcle. Ta grand'mĂšre ... voudrait savoir le jour exact de ton retour. Je lui rĂ©pĂšte que ce sera vers le milieu ou la fin de la semaine Flaub.,Corresp.,1871, [Dans une indication de date donnĂ©e en dĂ©but de lettre] À Mademoiselle AmĂ©lie Bosquet. Croisset mardi soir milieu de juin 1862 Flaub.,Corresp.,1862, Loc. prĂ©p.− Au milieu de. Au milieu de la nuit. Flaubert arrive de Rouen au milieu du dĂźner Goncourt,Journal,1860, compte ĂȘtre de retour Ă  Paris au milieu de fĂ©vrier, peut-ĂȘtre avant? Flaub.,Corresp.,1862, une chose qu'Anne ne tolĂ©rait pas que l'on fumĂąt au milieu du repas Sagan,Bonjour tristesse,1954, Me voici maintenant au milieu de mon Ăąge, Je me tiens Ă  cheval sur ma belle maison; Des deux cĂŽtĂ©s je vois le mĂȘme paysage, Mais il n'est pas vĂȘtu de la mĂȘme saison. Cocteau,PoĂšmes,1916-23, P. mĂ©taph. du compl. Je suis au milieu du chemin de la vie, Ă  supposer ce chemin Ă©gal pour tous et menant Ă  la vieillesse A. France,Livre ami,1885, p. 3.♩ [En parlant d'un texte, d'un discours] Partie, endroit d'un dĂ©veloppement qui est Ă  peu prĂšs Ă©galement Ă©loignĂ© du commencement et de la fin. M. Thibault semblait, Ă  partir de ce moment-lĂ , avoir pris l'habitude d'intercaler, au milieu des textes, le fruit de ses propres mĂ©ditations Martin du G.,Thib., Mort pĂšre, 1929, [En parlant d'une oeuvre musicale] Dans la pleine maturitĂ©, l'homme installe au milieu de l'oeuvre sa Themalösung», ein Lied im Lied» Rolland,Beethoven, 1937, P. anal. [En parlant d'un ensemble de pensĂ©es] Je m'endormis au milieu de ces pensĂ©es, je fus rĂ©veillĂ© par une lettre de Marguerite Dumas fils, Dame CamĂ©lias,1848, [Avec une nuance fam. et une valeur intensive] Au beau milieu de v. beau III A 2, en plein milieu de. Jamais la chaleur, mĂȘme en plein milieu du jour, n'avait Ă©tĂ© si pĂ©nible que ce matin-lĂ  Ramuz,Gde peur mont.,1926, P. anal., loc. prĂ©p. Au milieu dea [Le compl. dĂ©signe des pers.] Au sein d'un groupe, en compagnie, en sociĂ©tĂ© de. La douleur que me causait ma plaie me fit Ă©vanouir au pied d'un arbre, et lĂ , en reprenant connaissance, je me suis trouvĂ© au milieu d'une famille allemande SĂ©nac de Meilhan,ÉmigrĂ©,1797, ... si vous voulez vivre estimĂ© au milieu d'Anglais bien Ă©levĂ©s, vous devez vous efforcer de comprendre le point de vue. Ils n'ont pas de tendresse pour les tristes et mĂ©prisent les sentimentaux. Maurois,Silences Bramble,1918, Au fig. [En parlant des circonstances extĂ©rieures bruits, Ă©vĂ©nements qui entourent, accompagnent qqn ou qqc.; avec une valeur temporelle antant que spatiale] Synon. entourĂ© de, accompagnĂ© milieu de l'approbation gĂ©nĂ©rale. Une grĂȘle fanfare rĂ©sonna, les deux battants rouges se renversĂšrent avec fracas, et le taureau se prĂ©cipita dans l'arĂšne au milieu d'un hourra immense Gautier,Tra los montes,1843, acteur qui rentre une derniĂšre fois sur la scĂšne avant que le rideau tombe tout Ă  fait au milieu des Ă©clats de rire Blanche,ModĂšles,1928, Dans, au plus fort de. Synon. au coeur avait sautĂ© l'un des premiers dans l'eau, au milieu des coups de fusil et des coups de gaffe, pour hacher une grosse corde qui retenait la flotte paysan, 1870, ne comprenez pas qu'au milieu de tous ces embĂȘtements, je sois un peu morose? Goncourt,Journal,1894, [Avec une certaine valeur adversative] Je voudrais donc peindre dans un roman ... un mari et une femme privĂ©s de tout au milieu de l'abondance publique Bern. de St-P.,Harm. nat.,1814, Loc. fam. Au milieu de tout cela Ac.. Parmi tout cela, avec tout cela, malgrĂ© tout cela. − [Le compl. indique l'Ă©tat physique ou moral de qqn] Au milieu de la mĂ©lancolie qui s'emparait de plus en plus de l'Ăąme de Fabrice, une idĂ©e bizarre et mĂȘme ridicule s'Ă©tait prĂ©sentĂ©e Stendhal,Chartreuse,1839, soir Ă  11 h 30, travaillant au milieu de souffrances atroces Ă  mettre sur pieds la suite de mon Ă©tude sur Numquid et tu? Du Bos,Journal,1927, − Au fig. Position, situation intermĂ©diaire entre deux Ă©tats, deux notions, deux solutions qui s'opposent. Il disait qu'il y avait un milieu entre ne pas faire du bruit et le nĂ©ant de la trappe Balzac,Lys,1836, voyais avec simplicitĂ© le milieu entre l'indiffĂ©rence et l'intĂ©rĂȘt excessif Dupanloup,Journal,1864, [À la forme nĂ©gative] A-t-il oubliĂ© qu'il n'y a pas pour moi de milieu entre le malheur et la honte? Dumas pĂšre, AngĂšle,1834, v, 6, compris qu'il n'y avait pas de milieu entre l'inexistence et cette abondance pĂąmĂ©e. Si l'on existait, il fallait exister jusque-lĂ , jusqu'Ă  la moisissure, Ă  la boursouflure, Ă  l'obscĂ©nitĂ© Sartre,NausĂ©e,1938, Loc. Il n'y a pas de milieu Rey-Chantr. Expr. 1979. Il n'y a pas de moyen terme, il faut choisir entre deux choses. Il n'y a point de milieu Ac., point de milieu Ac. 1835-1935. Point de milieu, il faut se rendre ou combattre faut choisir ce qui convient et revenir soit Ă  Stendhal soit Ă  Descartes, car il n'y a guĂšre de milieu possible ValĂ©ry,Corresp. [avec Gide], 1899, Tenir le milieu entre... et.... Constituer un moyen terme entre deux choses. À cheval par les chemins, ils [les gentilshommes secondaires] tiennent le milieu entre le curĂ© portant les sacrements et le contrĂŽleur des contributions en tournĂ©e Balzac,Femme aband.,1832, il s'Ă©tait figurĂ© une ville orientale, fĂ©erique, mythologique, quelque chose tenant le milieu entre Constantinople et Zanzibar... A. Daudet,Tartarin de T.,1872, LOG. Principe du milieu exclu Piguet 1960. Principe selon lequel, de deux propositions contradictoires, il est nĂ©cessaire que l'une soit vraie et l'autre fausse, et il n'existe pas de troisiĂšme hypothĂšse possible. Synon. principe du tiers exclu*.− Le juste-milieu*. P. plaisant. Un petit homme sec et maigre, des cheveux roux et rares, de l'importance dans toute sa personne, ... un juste et agrĂ©able milieu entre le commissaire royal et l'ouvreuse de loges Janin,Âne mort,1829, − Ce qui entoure un ĂȘtre ou une chose, ce dans quoi un corps ou un ĂȘtre vivant est placĂ©. Synon. influence du milieu. Il existe un milieu homogĂšne, silencieux, incolore, abstrait comme l'espace, oĂč est possible depuis le commencement des temps le calme Ă©change des entretiens philosophiques Nizan,Chiens garde,1932, On admet donc que les antĂ©cĂ©dents psychiques d'un acte libre sont susceptibles de se reproduire Ă  nouveau, que la libertĂ© se dĂ©ploie dans une durĂ©e dont les moments se ressemblent, et que le temps est un milieu homogĂšne, comme l'espace. Bergson,Essai donn. imm.,1889, P. mĂ©taph. Ce n'Ă©tait pas [la mort de Lola] un Ă©vĂ©nement, c'Ă©tait un milieu, une substance pĂąteuse Ă  travers laquelle Mathieu voyait la tasse de thĂ© et la table de marbre Sartre,Âge de raison,1945, SC., PHYS., MÉCAN. ÉlĂ©ment physique dans lequel un corps est placĂ©, au sein duquel se produit un phĂ©nomĂšne. Milieu conducteur, Ă©lastique, gazeux, rĂ©fringent, rĂ©sistant; mĂ©canique des milieux continus. Dans un milieu isotrope, il n'y a Ă©videmment qu'un indice de rĂ©fraction Ă  envisager, mais dans un milieu anisotrope, il y en a plusieurs Metta,Pierres prĂ©c.,1960, L'Ă©chec des premiers dispositifs expĂ©rimentaux rĂ©alisĂ©s pour tenter d'obtenir la fusion contrĂŽlĂ©e a montrĂ© l'insuffisance de nos connaissances des milieux ionisĂ©s et a conduit les chercheurs Ă  se pencher sur la physique des plasmas. Hist. gĂ©n. sc., vol. 2, 1964, Milieu ambiant. V. ce mot A ex. 2 et 5 et rem. finale.− ÉLECTR. PermittivitĂ©, rĂ©luctance du milieu; milieux de permĂ©abilitĂ©. Un dipĂŽle qui polarise lui-mĂȘme le milieu environnant, considĂ©rĂ© comme un milieu diĂ©lectrique continu Hist. gĂ©n. sc., vol. 2,1964, utilise comme milieu conducteur un liquide, de l'eau ordinaire en gĂ©nĂ©ral FrĂŒhling,Cours d'Ă©lectr., ASTROPHYS. Milieu cosmique. La physique du milieu interplanĂ©taire commence Ă  ĂȘtre moins mal connue depuis qu'on en a entrepris l'Ă©tude directe au moyen de sondes spatiales Schatzman,Astrophys.,1963, Ce qu'on nomme aujourd'hui astrophysique thĂ©orique» n'a guĂšre une signification plus limitĂ©e il s'agit de dĂ©crire en termes de quantitĂ©s physiques tempĂ©ratures, pressions, mouvements, champs magnĂ©tiques... les rĂ©gions des Ă©toiles, des planĂštes, du milieu interstellaire... Hist. gĂ©n. sc., vol. 21964, BIOL., CHIM., GÉOGR., GÉOL., GÉOPHYS. Ensemble des Ă©lĂ©ments matĂ©riels et des circonstances physiques qui entourent et influencent ou conditionnent les cellules, les organismes vivants; en part. CHIM., domaine oĂč s'effectue une rĂ©action. Conditions de milieu. Ainsi se rĂ©alisent deux types de groupements des facteurs qui dĂ©terminent la flore d'un lieu ce sont les milieux et les climats Plantefol,Bot. et biol. vĂ©gĂ©t., rĂ©action du milieu a une influence considĂ©rable sur les phĂ©nomĂšnes diastasiques du brassage Boullanger,Malt. brass.,1934, Milieu + les milieux marins oĂč il s'est produit de grandes accumulations de sĂ©diments, il s'est formĂ© peu Ă  peu un approfondissement des bassins qui les renfermaient Bruet,CarriĂšres,1926, support solide baignant dans un milieu liquide Hist. gĂ©n. sc., vol. 2,1964, Le plasma ou le sĂ©rum sanguins, comme le jus embryonnaire, sont des milieux d'une complexitĂ© infinie dont la constitution est variable. Aussi a-t-on cherchĂ© Ă  leur substituer des milieux synthĂ©tiques... J. Verne,Vie cellul.,1937, Milieu gĂ©ographique. Espace naturel ou amĂ©nagĂ© qui entoure un groupe humain et dont les contraintes climatiques, biologiques, politiques, etc. retentissent sur le comportement et l'Ă©tat de ce groupe d'apr. George 1970. ♩ Milieu intĂ©rieur. Ensemble complexe des liquides organiques dans lesquels baignent les organes et les tissus d'un ĂȘtre vivant pluricellulaire. Le milieu intĂ©rieur, au sein duquel ils [les Ă©lĂ©ments histologiques] accomplissent leur vie et leur Ă©volution Cl. Bernard, Principes mĂ©d. exp., 1878, Milieu acide, alcalin, anaĂ©robie, aquatique, basique, biologique, composite, crayeux, cristallin, expĂ©rimental, humide, naturel, neutre, nutritif, organique, oxydant, salin.− Milieu de culture. Produit nutritif permettant le dĂ©veloppement de colonies bactĂ©riennes Ă  partir d'un petit nombre de germes, ou l'isolement de ces germes. La variĂ©tĂ© des milieux de culture dont nous nous sommes servis urine, eau de levure de biĂšre, bouillon de viande, etc. Pasteurds Travaux,1878, de l'hormone au plasma utilisĂ© comme milieu de culture est effectuĂ© au moment de la mise en culture cellul.,1937, ANATOMIE♩ Milieu de l'Ɠil, milieux oculaires. Substances transparentes qui constituent le noyau de l'Ɠil d'apr. MĂ©d. Biol. 1971. − PEINT. Milieu de suspension. Ensemble des Ă©lĂ©ments constitutifs de la phase liquide de la peinture d'apr. Peint. 1978. 3. [En parlant de pers. avec une valeur soc. dominante]a Ensemble de conditions matĂ©rielles, morales, psychologiques, sociales constituant l'environnement d'une personne, et dĂ©terminant son dĂ©veloppement et son comportement. Milieu humain; milieu social; en milieu rural, urbain; adaptation, assimilation au milieu. J'ai voulu peindre la dĂ©chĂ©ance fatale d'une famille ouvriĂšre, dans le milieu empestĂ© de nos faubourgs Zola,Assommoir,1877, le mouvement qui s'est produit dans l'universitĂ©, c'est-Ă -dire dans un milieu oĂč le dĂ©veloppement de la culture mentale favorise le plus la libertĂ© des jugements Clemenceau,Vers rĂ©paration,1899, Milieu de + ne sais pas si vivant ... en Allemagne, par exemple, au XVIesiĂšcle, je n'aurais pas Ă©tĂ© dans un milieu plus propre Ă  ma nature, un milieu de force et de matĂ©rialitĂ©, mangeant du sanglier, buvant, baisant Goncourt,Journal,1865, personnages ne sont pas mauvais, ils ne sont qu'ignorants et gĂątĂ©s par le milieu de rude besogne et de misĂšre oĂč ils vivent Zola,Assommoir,1877, Absol. Il fĂ»t devenu, sans le milieu et les circonstances, un bon professeur de province, heureux de la paix de sa petite ville Zola,Ventre Paris,1873, l'appartenance au milieu prĂ©domine sur la maĂźtrise du milieu, l'impersonnalitĂ© s'installe dans les attitudes psychiques Mounier,TraitĂ© caract.,1946, P. mĂ©ton. α Groupe social constituant l'entourage d'une personne, et dont elle subit l'influence. Milieu familial, natal, scolaire; milieu culturel; milieu Ă©touffant, ouvert. Un milieu fermĂ©, bardĂ© de prĂ©jugĂ©s ... est une prison qui le plus souvent Ă©touffe au germe la vie de l'esprit Mounier,TraitĂ© caract., vaccination qui doit ĂȘtre Ă  l'heure actuelle mise en oeuvre ... chez tous les enfants et les jeunes gens exposĂ©s Ă  vivre en milieu contaminĂ© Ce que la Fr. a apportĂ© Ă  la mĂ©d.,1946, Le milieu de qqn. C'est curieux de voir comme les enfants, tout en aimant le changement voudraient emporter leur milieu, leurs jouets d'habitude Ă  travers le monde extĂ©rieur Sand,Corresp., 1872, ne te vaut rien du tout. Tu peux me croire, j'ai suffisamment l'expĂ©rience des jeunes hommes de ton milieu AymĂ©, Travelingue,1941, p. 138. ÎČ En partic. Ensemble de personnes formant un groupe social ou professionnel dĂ©terminĂ©. Un bon milieu; un milieu malsain. FrĂ©quenter divers milieux. Le milieu Ă©bĂ©niste est trĂšs spĂ©cial, surtout au faubourg Romains,Hommes bonne vol.,1932, centres de vacances collectives accordent beaucoup d'importance Ă  la dĂ©couverte des milieux [En parlant d'un groupe prof. autant que d'un entourage matĂ©riel] En milieu hospitalier. AprĂšs avoir transportĂ© rapidement le malade en milieu chirurgical, le mĂ©decin a recours aux examens de laboratoire Quillet Souvent au plur. Dans certains milieux politiques amĂ©ricains, on commence Ă  Ă©prouver des inquiĂ©tudes sĂ©rieuses sur les plans que pourraient nourrir les Japonais contre une Ăźle dont l'importance stratĂ©gique n'a pas besoin d'ĂȘtre soulignĂ©e De Gaulle,MĂ©m. guerre,1954, recherches intĂ©ressĂšrent les milieux scientifiques, et deux physiciens entreprirent un travail de thĂšse sur les phĂ©nomĂšnes de Becquerel Leprince-Ringuet,Atomes et hommes,1957, industrielle urbaine suscite des types de consommateurs Ă  consommations diversifiĂ©es et progressives par comparaison Ă  celles des milieux agricoles ruraux Perroux,Écon. XXes.,1964, PRESSE, autorisĂ©s. Le gouvernement, un ministre, leurs porte-paroles, reprĂ©sentant la source officielle d'informations, de nouvelles donnĂ©es d'apr. Voyenne 1967.Milieux bien informĂ©s. Hauts fonctionnaires, personnalitĂ©s touchant de prĂšs le gouvernement, reprĂ©sentant la source officieuse d'informations, de nouvelles donnĂ©es d'apr. Voyenne 1967.SYNT. Milieux financiers, industriels, mĂ©dicaux, militaires, officiels, ouvriers, touristiques, universitaires; milieux artistiques, intellectuels, littĂ©raires, musicaux; milieux aisĂ©s, anarchistes, aristocratiques, populaires; milieux catholiques, jansĂ©nistes; milieux socioprofessionnels; les milieux de la rĂ©sistance.− Absol. Le milieu. Groupe social formĂ© de personnes vivant de la prostitution et d'autres activitĂ©s illicites. Synon. mitan arg., v. ce mot B, du milieu9. [La famille B Ă©tait] composĂ©e du pĂšre, de la mĂšre et de deux gosses de huit et douze ans. Les grands, AndrĂ© et Maurice, Ă©taient des hommes du milieu, un peu barbeaux, un peu voleurs. Le pĂšre Ă©tait un brave et honnĂȘte ouvrier. Trignol,Pantruche,1946, et Orth. [miljĂž]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. Loc. prĂ©p. 1. dĂ©but xiies. el milliu des au sein d'un groupe de personnes» Psautier d'Oxford, 67, 27 ds 2. id. el milliu d'ans au cours des ans» ibid., Canticum Habaccuc, 3, ibid.; av. 1573 Ă  un moment d'une durĂ©e Ă©galement Ă©loignĂ© du dĂ©but et de la fin» Jodelle, ƒuvres, I, 258 au meillieu de mon age]; 3. ca 1140 Ă  mi-distance des extrĂ©mitĂ©s, au centre de» Geoffroy Gaimar, Hist. des Anglais, Ă©d. A. Bell, 2858 Devers le west une croiz ad, En miliu d'Engleterre estad; 1314 au milieu des costes Henri de Mondeville, La Chirurgie, I, 416 ds C. Fahlin, Étude sur l'emploi des prĂ©positions en, Ă , dans au sens local, 4. fig. 1558 Mellin de Sainct-Gellais, ƒuvres, III, 213, ds IGLF au meilleu du bruit et du tumulte des armĂ©es; 5. 1585 au beau milieu de NoĂ«l du Fail, Contes d'Eutrapel, II, 84, ibid.. II. 1. 1130 espace occupant une position entre plusieurs autres» Voyage de Charlemagne, 349 ds 2. 1174-80 partie d'une chose qui est Ă  Ă©gale distance de ses bords» ChrĂ©tien de Troyes, Roman de Perceval, Ă©d. W. Roach, 3193 Qui une blanche lance tint Empoignie par le mileu; 3. fin xiies. centre d'un espace» Floire et Blancheflor, Ă©d. M. Pelan, 1800 El mileu court une fontainne; 4. 1552-60 moment Ă©galement Ă©loignĂ© des deux termes d'un espace de temps considĂ©ré» Du Bellay, IVelivre de l'Eneide, Ă©d. 946 C'estoit au poinct que ja la nuit voylee Tient le milieu de sa course estoilee; 5. 1585 endroit d'un dĂ©veloppement qui est Ă  peu prĂšs Ă©galement Ă©loignĂ© du commencement et de la fin» NoĂ«l du Fail, op. cit., Ce fut donc Ă  luy desploier le commencement, milieu, et le bout de ses finesses. III. 1. 1613 ce qui occupe une position intermĂ©diaire entre deux Ă©tats» RĂ©gnier, Sat., X ds LittrĂ©; 1656, 23 oct. il n'y a point de milieu Pascal, Les Provinciales, Ă©d. L. Lafuma, 1656, 4 dĂ©c. tenir le milieu entre Id., ibid., 2. 1662 log. ce qui peut ĂȘtre intercalĂ© entre deux notions ou deux propositions» Logique de Port-Royal, IIIepartie, ch. 12 ds Lal. 1968; 3. 1666 solution de compromis, accommodement» FuretiĂšre, Le Roman Bourgeois, 534 ds Quem. DDL 4. 1764 tout ce qui sert Ă  Ă©tablir une communication» Ch. Bonnet, Contemplation de la Nature, V, 5 ds LittrĂ©. IV. 1. 1639, 9 janv. Ă©lĂ©ment physique dans lequel un corps est placé» Descartes, Lettre au P. Mersenne, Ă©d. II, 117; 2. 1809 zool. ensemble des actions qui s'exercent du dehors sur un ĂȘtre vivant» milieux environnans, milieux ambians Lamarck, Philos. zool., et 1831 biol. ensemble des circonstances qui entourent et influencent un ĂȘtre vivant» E. Geoffroy de Saint-Hilaire, MĂ©moire Ă  l'Acad. des sciences Le degrĂ© de l'influence du monde ambiant pour modifier les formes animales; cf. 1832 Balzac, L. Lambert, 1866 milieu intĂ©rieur Cl. Bernard, Leçons sur les propriĂ©tĂ©s des ĂȘtres vivants, 55, 56; 3. p. ext. 1842 ensemble des conditions extĂ©rieures dans lesquelles vit et se dĂ©veloppe un individu» Balzac, Avant-Propos, Ă©d. la PlĂ©iade, I, 4. 1846 entourage matĂ©riel et moral d'une personne» Balzac, Cous. Bette, 5. 1921 arg. Le milieu monde de la pĂšgre» d'apr. Esn.. Comp. de mi-* et de lieu*. FrĂ©q. abs. littĂ©r. 26136. FrĂ©q. rel. littĂ©r. xixes. a 36752, b 46353; xxes. a42478, b 29405. Bbg. Adler A.. Children in the juste milieu. Rom. Forsch. 1967, _ Dub. Pol. 1962, _ Mack. 1939, 261. _ Nilsson-Ehle H.. Ambiance, milieu et climat. St neophilol. 1957, _ Sain. Sources 1972 [1930], 541, 542. _ Schalk F.. Semantische Randbemerkungen. Rom. Forsch. 1953, _ Spitzer L.. Milieu and ambiance. Philosophy and phenomenological research. 1942, Ilest peu aprĂšs 21 heures, ce samedi 20 aoĂ»t 2022, lorsque la voiture dans laquelle Daria Douguina, 30 ans, explose. Il s'agit sans nul doute d'un attentat qui visait son pĂšre, le LassĂ© de la situation car il veut absolument rejoindre le LOSC, Ludovic Blas a signifiĂ© Ă  son club cet aprĂšs-midi qu’il n’était pas dans les bonnes dispositions mentales pour jouer dimanche contre Toulouse. À six jours de la fin du mercato, le milieu muscle sa position. PubliĂ© 25 AoĂ»t 2022 Ă  17h51 Temps de lecture 2 min Ludovic Blas veut absolument rejoindre Lille. Le milieu offensif de 24 ans est tombĂ© complĂštement d’accord avec le LOSC il y a une dizaine de jours maintenant. Disposant d’un bon de sortie cet Ă©tĂ©, les dirigeants nordistes pensaient finaliser son arrivĂ©e avant la rĂ©ception du PSG puisqu’ils Ă©taient tombĂ©s d’accord avec leurs homologues nantais 17,5 millions d’euros, bonus inclus. Mais le joueur et ses reprĂ©sentants ont Ă©tĂ© pris en otage entre les hĂ©sitations de Waldemar Kita et les prises de position ferme d’Antoine KombouarĂ©. Pensant que la situation allait Ă©voluer favorablement, Blas a pris sur lui pour jouer contre ce qu’il espĂšre son futur club 1-1 et Ă  Marseille 2-1. Il ne veut pas jouer contre Toulouse Mais, lĂ , le milieu de terrain n’en peut plus. À six jours de la fin du mercato, il a dĂ©cidĂ© lui aussi de prendre une position plus dure. Comme l’a rĂ©vĂ©lĂ© L’Equipe, il a informĂ© ce jeudi son club de Nantes qu’il n’était pas dans de bonnes dispositions mentales pour jouer contre Toulouse, dimanche. Blas muscle Ă  son tour sa position. Le bras de fer a six jours pour trouver une issue. Lire aussi DĂ©bat le LOSC doit-il conserver Yusuf Yazici? Benjamin AndrĂ© encensĂ© par son ancien entraĂźneur Quand on parlait de lui Ă  Liverpool, ça ne m’a pas choquĂ© » Ligue 1 - Mercato Lille a cinq jours pour trancher Pendantl’entre-deux guerres, alors que la menace d’un nouveau conflit mondial se prĂ©cise, le gouvernement français, Ă©chaudĂ© par la catastrophe, fait construire quelque 250 Il est un Ă©vĂ©nement trĂšs important dans l’histoire de France, Ă  tel point que ses consĂ©quences se font encore sentir aujourd’hui, dont on n’a absolument pas parlĂ©, et qui a pourtant fĂȘtĂ© son 140Ăš anniversaire au mois de mai il s’agit de la Commune de Paris mars-mai 1871. Le contexte est la guerre franco prussienne de 1870. AprĂšs la dĂ©claration de guerre de la France contre la Prusse, principale nation d’une Allemagne qui ne sera proclamĂ©e Ă  Versailles qu’en janvier 1871, une sĂ©rie de batailles perdues entraĂźne la chute de NapolĂ©on III et la proclamation de la IIIĂš RĂ©publique. Paris se retrouve encerclĂ©e tout l’hiver et connaĂźt une grave famine. Une nouvelle AssemblĂ©e nationale est Ă©lue alors qu’un tiers du pays est occupĂ© et c’est une majoritĂ© monarchiste, favorable Ă  la paix, qui s’impose en fĂ©vrier 1871. La population parisienne rejette cette assemblĂ©e de paysans » car elle estime s’ĂȘtre bien battue et ne veut pas connaĂźtre l’humiliation de la dĂ©faite alors que la ville n’a pas Ă©tĂ© prise par les Prussiens. Les tensions s’exacerbent, Ă  la fois par la frustration, la faim, la pauvretĂ©, au point que le gouvernement et l’AssemblĂ©e quittent la capitale pour Versailles le 10 mars 1871. Afin de prĂ©venir une rĂ©volte, le gouvernement, menĂ© par Adolphe Thiers 1797-1877, ordonne la prise des piĂšces d’artillerie entreposĂ©es Ă  Paris. Il s’agit de 227 canons que les Parisiens ont achetĂ©s pour leur dĂ©fense. L’opĂ©ration a lieu le 18 mars dans la nuit et est une rĂ©ussite Ă  Montmartre, Ă  Belleville, les canons sont pris sans problĂšmes, mais il n’y a pas de chevaux pour les transporter. A leur rĂ©veil, les Parisiens, qui craignent que l’absence de leurs canons ne nuisent Ă  leur sĂ©curitĂ©, s’opposent Ă  la prise des canons, et font fusiller les gĂ©nĂ©raux commandant l’opĂ©ration. L’insurrection Ă©clate. La Commune de Paris organise la dĂ©fense et met en place ses lois. Il s’agit avant tout d’un systĂšme ouvrier on est en ville, accordant de nombreux avantages aux prolĂ©taires, comme la suspension du paiement des loyers, ou la distribution de repas chauds. La Commune est Ă©galement le dĂ©clencheur du mouvement de l’émancipation des femmes ces derniĂšres se battent aux cĂŽtĂ©s des hommes, comme Louise MichĂšle 1830-1905 cĂ©lĂšbre militante anarchiste, elles se battent Ă©galement pour l’égalitĂ© des salaires qu’elles commencent Ă  obtenir sur la fin de la Commune. C’est Ă©galement la Commune qui proclame l’enseignement gratuit et laĂŻque. Mouvement populaire, qualifiĂ© d’anarchiste, elle ne pouvait qu’entrer en conflit avec l’enseignement confessionnel, plus proche des milieux royalistes au pouvoir l’enseignement deviendra laĂŻc et gratuit en 1881 et 1882. Dans le mĂȘme temps 2 avril, la Commune dĂ©crĂšte la sĂ©paration de l’Eglise et de l’Etat qui ne sera votĂ© qu’en 1905. En dĂ©pit de ces mesures rĂ©volutionnaires, la Commune, perçue comme un mouvement de citadins dans un pays Ă  majoritĂ© rurale, ne se rĂ©pand pas dans le pays. Thiers rassemble une armĂ©e Ă  Versailles afin de reprendre la ville. Il obtient des Prussiens, toujours prĂ©sents au Nord de Paris de mettre des troupes en place pour bloquer les accĂšs Nord et Est, la ville Ă©tant toujours fortifiĂ©e. Le 21 mai, grĂące Ă  une trahison, les troupes versaillaises pĂ©nĂštrent dans l’enceinte de la ville par la porte de St Cloud. Commence alors la Semaine Sanglante » la ville est reprise quartier par quartier, au rythme des combats de rues et des exactions de part et d’autre les Tuileries, l’HĂŽtel de Ville, le palais de justice, le palais de la LĂ©gion d’Honneur
sont ravagĂ©s par les flammes, le Louvre manquant d’ĂȘtre dĂ©truit mais sauvĂ© par un colonel versaillais. La rĂ©pression s’abat sur la ville 20 000 personnes sont fusillĂ©es sans jugement, sans compter les morts au combat, les otages exĂ©cutĂ©s dont l’archevĂȘque de Paris
Plus de 10 000 condamnations furent prononcĂ©s mais il y eut Ă  peine une vingtaine d’exĂ©cutions. Tout est fini le 29 mai 1871. La Commune a changĂ© le monde et Paris. Tous les mouvements rĂ©volutionnaires qui suivront rĂ©volution russe, bolchevique, espagnole,
 se diront descendants de cet Ă©vĂ©nement, LĂ©nine dansant mĂȘme lorsque la rĂ©volution bolchevique dĂ©passe d’un jour la durĂ©e de la Commune. C’est pour expier les crimes de la Commune qu’est construite la basilique du SacrĂ© CƓur, Ă  partir de 1873. C’est suite Ă  la Commune que la ville de Paris ne connaĂźtra pas de maire avant 1977. Beaucoup de chercheurs y ont vu le dĂ©but du mouvement ouvrier qui prendra son essor dans les annĂ©es 1890, mais le fait est qu’il s’agissait d’un mouvement populaire Ă©galitaire dont la plupart des lois seront votĂ©es et appliquĂ©es. Les principes rĂ©publicains que l’on revendique aujourd’hui sont issus d’un mouvement rĂ©volutionnaire.
SantĂ© Ligue 2. Ce qu’il faut retenir de Grenoble-Bordeaux (0–0) Lecture 2 min. Accueil Sport Football Ligue 2. À l’image de Bokele et Ignatenko, les Girondins ont fait preuve
Le ghosting, jusqu’alors utilisĂ© dans le cadre des rencontres amoureuses, s’est immiscĂ© dans le monde du travail. Au lieu d’envoyer un mail de refus aprĂšs un ou plusieurs entretiens, les recruteurs, comme les candidats, se mettent simplement Ă  couper le contact sans explications pendant la phase de recrutement. La BBC a essayĂ© d’expliquer ce phĂ©nomĂšne. Laura est une des nombreuses candidates Ă  avoir fait l’expĂ©rience du “ghosting”, aprĂšs avoir proposĂ© sa candidature Ă  une sociĂ©tĂ© de musique internationale Ă©tablie Ă  Londres. Un entretien au tĂ©lĂ©phone, puis un en personne, et plus de nouvelles. Pourtant Laura Ă©tait confiante “On m’a dit que j’avais eu le poste”, raconte-t-elle. Mais elle a simplement Ă©tĂ© ignorĂ©e malgrĂ© ses relances. La pratique est frĂ©quente. Selon les rĂ©sultats d’une Ă©tude menĂ©e sur 1 500 travailleurs en 2022 par Greenhouse Software, une sociĂ©tĂ© amĂ©ricaine qui propose un logiciel de recrutement pour les entreprises, 75 % des candidats ont dĂ©jĂ  Ă©tĂ© “ghostĂ©s” aprĂšs un entretien. D’ailleurs, c’est assumĂ© en 2021, seuls 27 % des employeurs amĂ©ricains dĂ©clarent ne pas avoir “ghostĂ©â€ de candidat pendant l’annĂ©e passĂ©e, selon un sondage menĂ© par Indeed, une plateforme d’offres d’emploi. Ils ne sont pas les seuls Ă  le faire car les candidats s’y mettent aussi de plus en plus. Ils Ă©taient 28 % Ă  avoir dĂ©jĂ  eux aussi “ghostĂ©â€ les recruteurs en 2021, soit 9 % de plus qu’en 2019. Une pratique accentuĂ©e par la pandĂ©mie Yuletta Pringle, conseillĂšre en ressources humaines et membre de l’association amĂ©ricaine Society for Human Resource Management, attribue cette hausse Ă  “la grande dĂ©mission”. “Avec la pĂ©nurie de main-d’Ɠuvre, les employeurs cherchent Ă  recruter Ă  tout prix, ce qui signifie qu’ils doivent envoyer une tonne d’offres d’emploi en ligne et ne peuvent pas toujours rĂ©pondre Ă  tout le monde,” explique-t-elle. Naturellement du cĂŽtĂ© des candidats, avec cette forte demande, il est possible de chercher le “poste idĂ©al” et de faire la mĂȘme chose. Une autre raison peut expliquer le phĂ©nomĂšne la digitalisation du processus de recrutement. “Avant la pandĂ©mie, seule une petite partie des entretiens d’embauche se faisaient en ligne. Maintenant, 99 % des premiers entretiens se font Ă  travers des appels sur Zoom”, souligne Craig Freedberg, directeur rĂ©gional des ressources humaines pour le cabinet de conseil Robert Half, Ă  Londres. “Il peut parfois ĂȘtre plus difficile de crĂ©er du lien avec quelqu’un virtuellement”, ajoute-t-il. Sans ce contact humain, et avec l’afflux d’offres, comme de candidats, les employeurs et leurs potentiels futurs employĂ©s ont donc plus de facilitĂ© Ă  s’ignorer en cours de recrutement, sans donner la moindre explication. Cette absence de rĂ©ponse peut laisser une mauvaise impression, “comme mettre fin Ă  une relation professionnelle avant mĂȘme qu’elle ait commencĂ©â€, prĂ©cise la BBC. Certains employeurs luttent donc contre la tendance, tel Christoph Hardt, cofondateur de la sociĂ©tĂ© de conseil CoMatch, qui considĂšre ĂȘtre “clairement anti-ghosting”. En effet, sans explications, le silence peut faire des dĂ©gĂąts. Pour certains candidats, le fait d’avoir Ă©tĂ© ignorĂ© peut provoquer une remise en question professionnelle qui n’avait pas lieu d’ĂȘtre. Comme ce fut le cas pour Laura.

Cesujet contiendra les solutions du jeu d’énigme et de rĂ©flexion Brain Test Qu’est-ce qui est au milieu de Paris ?. Pour rappel, le jeu Brain Test français propose dans chaque niveau un

ExposĂ© prĂ©sentĂ© au colloque Georges Canguilhem. Science, technique, politique perspectives actuelles » LiĂšge, 22 avril 2016 par Pierre Macherey Depuis que les toutes premiĂšres publications de Georges Canguilhem ont Ă©tĂ© tirĂ©es de l’oubli dans lequel il les avait lui-mĂȘme relĂ©guĂ©es et ont Ă©tĂ© remises en circulation dans le tome I de l’édition de ses ƒuvres ComplĂštes, on ne peut plus ignorer que le point de dĂ©part de son parcours a Ă©tĂ© une philosophie du jugement et des valeurs, tournĂ©e vers l’affirmation d’un devoir-ĂȘtre, avec, Ă  la source et Ă  l’initiative de cette affirmation, une position philosophique de sujet qui en assume pleinement la responsabilitĂ© en philosophie, comme Ă  l’égard du monde du vivant et de la sociĂ©tĂ©, Canguilhem a fait d’emblĂ©e le choix du normatif ». À l’examen, il apparaĂźt que l’ensemble de l’Ɠuvre thĂ©orique qui a Ă©tĂ© Ă©laborĂ©e Ă  partir de ce point de dĂ©part et sur sa lancĂ©e est restĂ©e continĂ»ment fidĂšle Ă  cette exigence » ce n’est pas un hasard si ce mot, exigence », qui traduit la puissance normative propre Ă  un sujet assumant la pleine responsabilitĂ© de ses jugements, revient souvent sous la plume de Canguilhem. Cette rigoureuse obstination ne l’a cependant pas empĂȘchĂ© de pratiquer un esprit crĂ©atif d’invention et d’ouverture, en se confrontant aux manifestations plurielles de la vie ainsi qu’aux diverses rĂ©alisations historiques de la culture humaine sous les formes, principalement, de la technique, de la cognition et de l’organisation sociale, qui ne sont elles-mĂȘmes rien de plus, au degrĂ© de complication qui dĂ©finit chacune, que des rĂ©alisations de la dynamique vitale Ă  cĂŽtĂ© d’autres. Jusqu’au bout, Canguilhem est restĂ© un philosophe du devoir-ĂȘtre ; mais sa conception du devoir-ĂȘtre s’est considĂ©rablement enrichie, et s’est chargĂ©e d’implications qui, en la prĂ©cisant, en ont peu Ă  peu inflĂ©chi l’orientation premiĂšre1. En 1980, s’approchant du terme d’un parcours intellectuel entamĂ© cinquante ans plus tĂŽt, Canguilhem dĂ©clare Ă  la fin de sa confĂ©rence sur Le cerveau et la pensĂ©e Le Je n’est pas avec le monde en relation de survol, mais en relation de surveillance. »2 Est par lĂ  mise en balance la conception d’un sujet transcendant, soustrait au monde et s’assurant face Ă  lui une position exceptionnelle de domination et d’autoritĂ©, avec celle d’un sujet immanent Ă  la rĂ©alitĂ© et au processus complexe de ses relations internes qui, sans s’en extraire, remplit vis-Ă -vis de ce processus une fonction critique d’examen, l’interroge sur les valeurs que spontanĂ©ment il met en Ɠuvre, en discute les orientations d’une maniĂšre qui n’est pas seulement thĂ©orique mais pratique le premier est une entitĂ© mĂ©taphysique, et le second un ĂȘtre vivant, un sujet biologique. Il y a donc deux maniĂšres bien diffĂ©rentes d’en appeler Ă  un devoir-ĂȘtre l’une s’inscrit dans une perspective idĂ©ale d’absoluitĂ©, propre Ă  un sujet substantiel qui se situe Ă  la verticale du monde qu’il considĂšre de haut et de loin dans un esprit de lĂ©gitimation dont il se rĂ©serve l’entiĂšre initiative ; l’autre, au contraire, maintient une appartenance au monde d’oĂč se dĂ©gage, Ă  l’horizontale, et comme portĂ©e de biais de maniĂšre rasante, une leçon de relativitĂ© assumĂ©e par un sujet non plus substantiel mais modal, parce qu’il se tient Ă  la mesure de ce monde dont il est un Ă©lĂ©ment parmi d’autres, en nĂ©gociation, et Ă©ventuellement en conflit, donc en permanence en train de se mesurer avec eux, ce qui prĂ©cisĂ©ment dĂ©finit sa condition de mode » qui n’est pas substance ». La question que soulĂšve la juste comprĂ©hension de la pensĂ©e de Canguilhem et de l’évolution qu’elle a suivie sur un demi-siĂšcle est celle de savoir comment elle s’est situĂ©e et a profilĂ© ses allures propres, ses exigences, face Ă  cette alternative du dedans et du dehors, de l’immanence et de la transcendance, du relatif et de l’absolu, du subjectif et de l’objectif, dans laquelle il ne serait pas absurde de voir une manifestation de la polaritĂ© de la vie. L’hypothĂšse sous-jacente Ă  l’étude qui va suivre est que la prise en compte des implications objectives et subjectives de l’idĂ©e de milieu fournit un Ă©clairage privilĂ©giĂ©, sinon exclusif, sur la maniĂšre personnelle dont, en tant que sujet philosophique de pensĂ©e, Canguilhem a gĂ©rĂ© en pratique cette alternative du substantiel et du modal qui, de toutes façons, ses enjeux n’étant pas seulement thĂ©oriques et cognitifs, ne pouvait ĂȘtre tranchĂ©e dĂ©ductivement par les moyens du raisonnement pur, indĂ©pendamment des apports divers, contrastĂ©s, et pour une large part imprĂ©visibles de l’expĂ©rience et des matiĂšres Ă©trangĂšres » que celle-ci met en oeuvre. Pour rĂ©sumer briĂšvement les enjeux de cette hypothĂšse, elle revient Ă  avancer que, pour Canguilhem, le milieu n’a pas seulement Ă©tĂ© un objet de spĂ©culation, vis-Ă -vis duquel pĂ»t ĂȘtre adoptĂ©e, Ă  distance, une attitude de survol mais il lui a fourni le contexte, c’est-Ă -dire en un sens le milieu, avec les Ă©quivoques et les contrastes propres Ă  cette chose entre toutes bizarre et incertaine qu’est un milieu », depuis lequel, en y remplissant aussi rigoureusement que possible une fonction de surveillance, il a poursuivi son effort en vue d’assumer, en responsabilitĂ©, et dans un esprit d’exigence, la tĂąche de sujet philosophique et normatif de pensĂ©e qu’il s’était assignĂ©e. À la lumiĂšre de cette hypothĂšse, il apparaĂźt que la philosophie de Canguilhem pourrait bien ĂȘtre une philosophie du milieu, avec les deux valeurs objective et subjective du gĂ©nitif c’est-Ă -dire une philosophie nourrie par une rĂ©flexion sur l’idĂ©e de milieu ou Ă  son propos, mais aussi une philosophie situĂ©e en plein milieu de la rĂ©alitĂ© polaire dĂ©signĂ©e par cette idĂ©e dont elle Ă©pouse pas Ă  pas les fluctuations sans prĂ©juger de leur issue. Pour dĂ©velopper et mettre Ă  l’épreuve cette hypothĂšse, il faut reprendre le problĂšme Ă  son point de dĂ©part. Que signifie aux yeux de Canguilhem prendre parti philosophiquement en faveur d’un devoir-ĂȘtre ? Ce n’est pas apprĂ©hender celui-ci comme un terrain tout prĂ©parĂ© et structurĂ© dans lequel il n’y aurait qu’à s’engager sans l’interroger au prĂ©alable sur ses conditions de possibilitĂ©. Or ces conditions sont et ne peuvent ĂȘtre que polĂ©miques et antagoniques. Choisir la voie du devoir-ĂȘtre pour s’orienter dans la pensĂ©e, c’est rĂ©cuser l’autre voie possible, qui est celle de l’ĂȘtre et de ses intangibles nĂ©cessitĂ©s contre lesquelles butent les exigences axiologiques, ce qui contraint ces exigences Ă  se dĂ©mettre en faveur de ces nĂ©cessitĂ©s. Tout au long de son parcours intellectuel, Canguilhem a Ă©tĂ© aux prises avec un adversaire qui est, peut-on dire, l’ontologisme celui-ci se manifeste aussi bien Ă  travers l’illusion de normalitĂ©, qui ramĂšne le normal Ă  une catĂ©gorie de l’ĂȘtre, qu’à travers la reprĂ©sentation de la technique comme science appliquĂ©e, qui mĂ©connaĂźt son caractĂšre vital d’expĂ©rience pratique associant travail, main mise et prise de risque sur fond d’aventure3, ou encore Ă  travers l’objectivisme causal qui, grĂące Ă  une procĂ©dure d’abstraction, ramĂšne la rĂ©alitĂ© Ă  un ensemble de dĂ©terminations donnĂ©es de toute Ă©ternitĂ©, dont il ne reste Ă  la connaissance scientifique qu’à formuler, soi-disant telles quelles, les lois. L’ontologisme, dont les manifestations sur le plan de la cognition sont le positivisme et le scientisme, et plus gĂ©nĂ©ralement ce qu’on peut appeler le reprĂ©sentativisme, consiste dans la remise Ă  plat, la neutralisation et la rĂ©ification des donnĂ©es du monde et des expĂ©riences de la vie, maintenues sous une garantie uniforme d’objectivitĂ© modulĂ©e, comme l’explique Hegel dans le premier tome de sa Science de la logique qui est consacrĂ© prĂ©cisĂ©ment Ă  une logique de l’ĂȘtre », sous les catĂ©gories de la qualitĂ©, de la quantitĂ© et de la mesure, catĂ©gories qui, Ă  des niveaux diffĂ©rents de complication, exploitent le mĂȘme fond commun, l’ĂȘtre tel qu’il est ou est censĂ© ĂȘtre, dont elles mettent en Ă©vidence et renforcent l’unitĂ© dans une telle perspective, penser c’est, sous les formes les plus diverses, penser un, donc uniformiser, homogĂ©nĂ©iser, cohĂ©rer, faire converger, rassembler, et en derniĂšre instance confondre, sous la caution d’un ontologisme primaire qui rĂ©duit les diffĂ©rences en les plaçant sous une Ă©chelle commune d’apprĂ©ciation. Selon Hegel, c’est l’étroitesse spĂ©cifique Ă  cette maniĂšre de penser qui contraint Ă  la dĂ©passer, en renonçant Ă  penser un, au premier degrĂ©, pour se mettre Ă  penser deux, forme rĂ©flexive propre Ă  ce qu’il appelle une logique de l’essence, qui introduit dans l’ĂȘtre la puissance divisante du nĂ©gatif, et prĂ©pare ainsi le passage d’une logique objective Ă  une logique subjective, ou logique du concept ; cette derniĂšre consiste Ă  penser trois, par le biais de la transfiguration de la nĂ©gation simple, encore Ă  l’Ɠuvre dans la logique de l’essence, en nĂ©gation absolue ou nĂ©gation de la nĂ©gation qui, par une opĂ©ration d’Aufhebung dont le modĂšle est fourni par le calcul et par la grammaire, assure, aprĂšs une longue suite de dĂ©tours, le retour du positif, et referme sur lui-mĂȘme le cercle de la spĂ©culation logique. La critique de l’ontologisme, qui, alimentĂ©e par la confrontation Ă  des matiĂšres Ă©trangĂšres » fournies en derniĂšre instance par les diverses manifestations de la vie naturelle et sociale, donne son impulsion Ă  la rĂ©flexion philosophique de Canguilhem, dĂ©bouche elle aussi sur une conception qui fait fond sur le principe de la nĂ©gativitĂ© et qu’il n’hĂ©site pas Ă  appeler Ă  l’occasion dialectique », quoiqu’elle diverge sur le fond par rapport Ă  la conception hĂ©gĂ©lienne qui relĂšve en derniĂšre instance d’une philosophie de l’Esprit dont le fil conducteur est le finalisme, voie royale assurant le retour du mĂȘme une fois toutes les diffĂ©rences surmontĂ©es or, ce qu’on vient de dĂ©signer Ă  l’essai en se servant de la formule philosophie du milieu », – on pourrait aussi parler d’une philosophie au milieu » –, se situe prĂ©cisĂ©ment en alternative Ă  une philosophie de l’Esprit, tentative ou tentation rĂ©conciliatrice, dont Canguilhem n’a cessĂ© de se dĂ©marquer4, ce qui, si on y rĂ©flĂ©chit bien, est une façon de reconnaĂźtre implicitement, sinon son bien-fondĂ©, du moins la puissance d’attraction qui, tel un phĂ©nix, fait interminablement renaĂźtre de ses cendres cette forme idĂ©alisante de spĂ©culation que constitue le spiritualisme, contre laquelle on n’a jamais fini de mener combat. La dialectique » dont il lui arrive de se rĂ©clamer Ă  titre personnel, nourrie par la lecture de l’Essai pour introduire en philosophie le concept de grandeurs nĂ©gatives de Kant, par celle des oeuvres de Renouvier et de Hamelin, par celle des philosophes nĂ©o-kantiens des valeurs de l’école de Heidelberg, et pour finir par celle des travaux que Bachelard a consacrĂ©s aux jeux contrastĂ©s de la connaissance scientifique et de l’imagination, consiste pour l’essentiel en une philosophie du non » qui fait jouer Ă  plein, sous un horizon d’inachĂšvement, le principe de la nĂ©gativitĂ© en Ă©cartant la possibilitĂ© de sa conversion magique en nĂ©gation de la nĂ©gation destinĂ©e Ă  assurer, sous la figure d’un ontologisme de part en part spiritualisĂ©, et refinalisĂ©, le retour triomphal de la positivitĂ©. Les rĂ©fĂ©rences philosophiques, d’inspiration expressĂ©ment anti-hĂ©gĂ©liennes, qui viennent d’ĂȘtre Ă©voquĂ©es, renvoient Ă  un remaniement de la perspective dialectique, qui assigne au nĂ©gatif une position d’altĂ©ritĂ© ne devant pas ĂȘtre interprĂ©tĂ©e de maniĂšre dĂ©fective mais affirmative. Comme l’écrit Kant en vue de repenser le rapport entre action et rĂ©action dĂ©veloppĂ© par la physique newtonienne Les grandeurs nĂ©gatives ne sont pas des nĂ©gations de grandeurs 
] mais au contraire quelque chose de vraiment positif en soi, qui est simplement opposĂ© Ă  l’autre grandeur positive. »5 Il s’agit donc d’opposĂ©s rĂ©els, dont seule la relation est marquĂ©e par la nĂ©gativitĂ©, Ă©tant Ă©cartĂ©e la possibilitĂ© qu’aucun des termes de cette relation puisse ĂȘtre considĂ©rĂ© comme nĂ©gatif ou positif en soi autrement dit, ceux-ci, tout en s’opposant, coexistent et d’une certaine maniĂšre se complĂštent6, s’appellent rĂ©ciproquement, sans toutefois se concilier ni fusionner. Ce qui est rĂ©el », ce qui constitue la trame de la rĂ©alitĂ© en tant que milieu, milieu de vie ou milieu de pensĂ©e, ce n’est pas l’un Ă  l’exclusion de l’autre, c’est-Ă -dire en fin de compte l’un sans l’autre, mais leur relation antagonique, leur contrariĂ©tĂ© » dirait Hamelin7, donc leur polaritĂ©, qui, si elle est amenĂ©e Ă  revĂȘtir des formes indĂ©finiment variĂ©es, ne peut ĂȘtre rĂ©solue, c’est-Ă -dire supprimĂ©e, dans l’absolu. Dans cet esprit, Rickert soutient Pour progresser jusqu’au tout, la philosophie doit Ă©tudier partout l’un et l’autre, donc procĂ©der de maniĂšre hĂ©tĂ©rologique. Sa mĂ©thode est apparentĂ©e Ă  la mĂ©thode dialectique » au sens de Hegel et doit malgrĂ© tout en ĂȘtre nettement sĂ©parĂ©e. La nĂ©gation de la thĂšse, ou l’antithĂšse, ne suffit pas. Il s’agit, avec l’hĂ©tĂ©rologie d’une ad-jonction Er-GĂ€nzerung positive de la thĂšse. »8 Lorsque Canguilhem Ă©crit, en 1943, dans son Essai sur quelques problĂšmes concernant le normal et le pathologique Le pathologique doit ĂȘtre compris comme une espĂšce du normal, l’anormal n’étant pas ce qui n’est pas normal, mais ce qui est un autre normal »9, il adopte prĂ©cisĂ©ment le point de vue hĂ©tĂ©rologique dĂ©fendu par Rickert. Ce point de vue est Ă  la base de son concept de valeurs nĂ©gatives » qui, paradoxalement, en introduisant la nĂ©gation au cƓur des valeurs, conduit dialectiquement Ă  affirmer, au sens fort du terme, la nĂ©cessitĂ© de leur conflit, qui constitue leur horizon indĂ©passable vivre, travailler, connaĂźtre, c’est, sous des formes variĂ©e, se trouver en plein milieu ou au coeur de ce conflit des valeurs, donc y participer en adoptant Ă  son Ă©gard une attitude d’extrĂȘme vigilance. Dans la partie complĂ©mentaire du Normal et le Pathologique rĂ©digĂ©e vingt ans aprĂšs » l’Essai, cette position est Ă  nouveau affirmĂ©e, Ă©tant cette fois accompagnĂ©e de la rĂ©fĂ©rence Ă  Bachelard, que Canguilhem situe dans le mĂȘme courant dialectique » qui met en avant le concept d’opposition au dĂ©triment de celui de contradiction Une norme tire son sens, sa fonction et sa valeur du fait de l’existence en dehors d’elle de ce qui ne rĂ©pond pas Ă  l’exigence qu’elle sert. Le normal n’est pas un concept statique ou pacifique, mais un concept dynamique et polĂ©mique. G. Bachelard, qui s’est beaucoup intĂ©ressĂ© aux valeurs sous leur forme cosmique ou populaire, et Ă  la valorisation selon les axes de l’imagination, a bien aperçu que toute valeur doit ĂȘtre gagnĂ©e contre une antivaleur. »10 Lorsqu’il a pris connaissance des travaux de Goldstein, Canguilhem a Ă©tĂ© confirmĂ© dans cette orientation de pensĂ©e qui, comme Marx s’y Ă©tait dĂ©jĂ  essayĂ© en empruntant d’autres voies, conduit Ă  expurger la dialectique de ses prĂ©supposĂ©s hĂ©gĂ©liens, prĂ©supposĂ©s qui, par une sorte de miracle spĂ©culatif, associent nĂ©cessitarisme et finalitĂ©. Ceci posĂ©, l’appel aux valeurs propre Ă  une philosophie du devoir-ĂȘtre revĂȘt sa pleine dimension. Si les valeurs contestent les faits, ce n’est pas qu’elles aient la prĂ©tention de se substituer Ă  eux elles ne sont pas des faits de niveau supĂ©rieur, comme le professe le platonisme de premier degrĂ© qui soutient la doctrine cousinienne Du vrai, du Beau, du Bien », une maniĂšre de voir Ă  laquelle il est impensable que Canguilhem ait pu, par un biais ou un autre, se rallier. Les valeurs, qui sont en conflit entre elles davantage qu’elles ne sont en conflit avec les faits, ne sont pas des possibles idĂ©aux, des formes rationnelles en attente de leur rĂ©alisation sur laquelle elles anticiperaient, et dont l’évocation obĂ©it fatalement au mouvement rĂ©trograde du vrai. De ce point de vue, Canguilhem se place dans le sillage de la critique de la mĂ©taphysique effectuĂ©e par Kant dans la Dialectique transcendantale » de la Critique de la raison pure les valeurs qui orientent des jugements ne correspondent Ă  rien de rĂ©el en soi qui puisse faire l’objet d’une connaissance avĂ©rĂ©e ; elles se contentent de remplir Ă  l’égard de ce qui arrive une fonction rĂ©gulatrice, du type de celle exercĂ©e par les idĂ©es de la raison, qui consiste en l’indication, sur le mode du comme si », de possibilitĂ©s, rien de plus. Si les valeurs interviennent dans les rĂ©seaux complexes de la rĂ©alitĂ©, c’est donc en tant que possibles rĂ©els » qui, Ă  mĂȘme son dĂ©roulement, rĂ©vĂšlent la nĂ©gativitĂ© immanente Ă  ses relations et en impulsent dynamiquement les transformations ; elles ne sont pas un autre rĂ©el mais ce qui, au sein mĂȘme du rĂ©el, l’incite Ă  devenir autre, Ă  emprunter des allures nouvelles rĂ©pondant aux exigences qu’elles formulent. De tels possibles sont Ă  tous Ă©gards utopiques », au sens oĂč l’utopie n’est pas l’évocation, au futur, d’un autre monde destinĂ© Ă  prendre la place de celui qui existe actuellement, mais reprĂ©sente, Ă  l’intĂ©rieur de ce monde-ci, au prĂ©sent, le travail du nĂ©gatif qui le taraude et le hante dans ses profondeurs, en rĂ©vĂ©lant que, tel qu’il est, ça ne va pas, etwas fehlt » pour reprendre une terminologie utilisĂ©e par Derrida, la vĂ©ritable alternative aux Ă©vidences et aux nĂ©cessitĂ©s de l’ontologie, c’est une hantologie »11. L’historicitĂ© telle que Canguilhem la conçoit, suivant la leçon de Renouvier, c’est avant tout le sens du possible qui impulse un devenir les valeurs qui confortent ce sens ne planent pas au-dessus du monde tel qu’il est, en se tenant en position de survol, elles ne prophĂ©tisent pas ; mais, en en suivant pas Ă  pas les tours et les dĂ©tours, en se glissant dans ses plis, elles en reprĂ©sentent la contestation interne. La fonction de surveillance qu’il leur revient en propre d’exercer rĂ©vĂšle que les faits » sous les apparences desquels la rĂ©alitĂ© se manifeste ne sont pas, comme on se le figure naĂŻvement, des tout faits », sous une forme achevĂ©e, statique, Ă  prendre ou Ă  laisser comme telle. C’est pourquoi les vraies valeurs, celles qui sont en mesure d’enclencher une dynamique normative, sont toutes sans exception des valeurs nĂ©gatives ; elles reprĂ©sentent l’intrusion du nĂ©gatif dans l’état de fait qu’elles remettent en question, et ouvrent ainsi, dans un climat d’incertitude et d’insĂ©curitĂ©12, la perspective d’un devenir ce sont elles qui polarisent en incitant, lĂ  oĂč on a l’habitude de ne voir qu’un, Ă  penser deux, donc Ă  faire la diffĂ©rence, Ă  diviser, Ă  s’opposer, dans un esprit, non d’acceptation, mais de contestation et de refus13. À cela s’ajoute que ces valeurs, dont la position rĂ©pond au mouvement mĂȘme de la vie, n’ont pas le statut de formes dĂ©finitivement structurĂ©es et prĂ©cisĂ©ment localisĂ©es vers lesquelles il n’y aurait qu’à faire retour ce sont des tendances, qui, tournĂ©es vers l’avant, propulsent le donnĂ© dans le sens de sa transformation, sa VerĂ€nderung » dirait-on dans le langage de Marx ; elles ne consistent pas en l’adaptation Ă  des normes imposĂ©es du dehors mais en l’invention de nouvelles normes dont le style, le schĂšme » dirait-on dans le langage de Kant14, se prĂ©cise au fur et Ă  mesure de leur exercice. C’est pourquoi, thĂšse sur laquelle Canguilhem est revenu inlassablement, sans trouver de raison valable pour la remettre en question, c’est la maladie qui est la vĂ©ritĂ© de la santĂ©, le pathologique l’épreuve du normal, et non l’inverse Vivre, pour l’animal dĂ©jĂ , et Ă  plus forte raison pour l’homme, ce n’est pas seulement vĂ©gĂ©ter et se conserver, c’est affronter des risques et en triompher. La santĂ© est prĂ©cisĂ©ment, et principalement chez l’homme, une certaine latitude, un certain jeu des normes de la vie et du comportement. Ce qui la caractĂ©rise, c’est la capacitĂ© de tolĂ©rer la variation des normes auxquelles seule la stabilitĂ©, apparemment garantie et toujours nĂ©cessairement prĂ©caire, des situations et du milieu, confĂšre une valeur trompeuse de normal dĂ©finitif. »15 Cela est vrai de toutes les expĂ©riences de la vie sans exception, au nombre desquelles l’effort en vue de connaĂźtre objectivement la rĂ©alitĂ© qui dĂ©finit en propre l’esprit scientifique cet effort, bien loin de procĂ©der d’une rupture avec le monde de la vie qui, une fois accomplie, permettrait de suivre, d’acquis en acquis, une voie uniment progressive rĂ©pondant aux seules nĂ©cessitĂ©s du raisonnement pur, n’avance que sous l’impulsion du conflit des valeurs, Ă  travers la confrontation Ă  des valeurs nĂ©gatives, c’est-Ă -dire en surmontant sans cesse des obstacles ; l’histoire des sciences a prĂ©cisĂ©ment pour contenu cette interminable confrontation, dont elle restitue les incidences et les rebonds, en s’abstenant de supposer que ceux-ci conduisent quelque part et constituent, sur le modĂšle d’un chemin de croix spĂ©culatif, les Ă©tapes menant Ă  un terme dĂ©finitif qui serait la vĂ©ritĂ© ultime et positive des choses. Sur ces bases, il est possible de prendre en considĂ©ration la rĂ©flexion que Canguilhem a consacrĂ©e Ă  l’idĂ©e de milieu et d’examiner le sens dans lequel elle s’est orientĂ©e. Ce qui caractĂ©rise dĂšs l’abord cette idĂ©e, c’est l’hĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© et la dispersion des champs auxquels elle renvoie, ce qui favorise la prolifĂ©ration des valeurs nĂ©gatives. Ses implications sont si diverses, mĂȘlĂ©es et fluctuantes16, qu’elles en remettent en cause la consistance et la fiabilitĂ©, ce qui ne la rend pas moins stimulante intellectuellement, bien au contraire la pensĂ©e, comme l’histoire, comme la vie, n’avance pas que par ses bons cĂŽtĂ©s ou par ses bons concepts sur une ligne toute droite dont il n’y aurait qu’à suivre du dĂ©but jusqu’à la fin le tracĂ©17. Lorsque, suivant sa mĂ©thode habituelle, Canguilhem a abordĂ© le concept de milieu par le biais de l’histoire complexe de sa formation, c’est-Ă -dire aussi de ses transformations et de ses dĂ©formations, il lui a assignĂ© Ă  la fois des commencements et une origine. Ses commencements se situent factuellement sur la plan de la gnosĂ©ologie physique c’est dans le contexte propre Ă  la mĂ©canique newtonienne, fondĂ©e sur le principe de l’action Ă  distance rĂ©cusĂ© par le cartĂ©sianisme, que cette idĂ©e, qui a Ă©tĂ© ensuite transposĂ©e dans le champ de la biologie, a commencĂ© Ă  s’élaborer, puis s’est dĂ©veloppĂ©e dans une perspective d’élargissement et d’extension. Toutefois, ces commencements, et ce qui en est peu Ă  peu sorti, au terme de dĂ©bats dont celui du lamarckisme, thĂ©orie de l’adaptation au milieu, et du darwinisme, thĂ©orie de la sĂ©lection par le milieu18, fournit une illustration exemplaire, ne restituent pas toute la portĂ©e de ce concept. Celle-ci ne se rĂ©vĂšle que si on remonte jusqu’à son origine, bien antĂ©rieure Ă  ses commencements effectifs. Comme Canguilhem le montre tout Ă  la fin de son article sur Le vivant et son milieu », oĂč, aprĂšs avoir restituĂ© l’histoire sinueuse suivie par l’idĂ©e de milieu de la fin du XVIIe siĂšcle jusqu’au XXe siĂšcle, il effectue un Ă©tonnant retour en arriĂšre de deux mille ans, cette origine est stoĂŻcienne C’est la thĂ©orie de la sympathie universelle, intuition vitaliste du devenir universel, qui donne son sens Ă  la thĂ©orie gĂ©ographique des milieux. Cette thĂ©orie suppose l’assimilation de la totalitĂ© des choses Ă  un organisme, et la reprĂ©sentation de la totalitĂ©, sous la forme d’une sphĂšre, centrĂ©e sur la situation d’un vivant privilĂ©giĂ© l’homme. »19 Ce type de spĂ©culation, qui assimile le monde non Ă  un mĂ©canisme mais Ă  un organisme, est orientĂ© dans le sens d’une totalisation tournĂ©e vers le dedans, ce qui suppose un centre, et non plus dans celui d’une expansion indĂ©finie, tendanciellement dĂ©centrĂ©e, tournĂ©e vers le dehors, selon le modĂšle qui a fini par prĂ©dominer lorsque, Ă  l’époque moderne, la reprĂ©sentation de l’univers infini a supplantĂ© celle d’un cosmos fini et fermĂ© sur lui-mĂȘme. La notion de milieu, telle qu’elle se prĂ©sente aujourd’hui, prend sens Ă  la croisĂ©e, et en quelque sorte au milieu » de ces deux tendances opposĂ©es dont l’une lui confĂšre le caractĂšre d’une donnĂ©e objective offerte Ă  l’analyse et au calcul, alors que l’autre revĂȘt une dimension subjective qui relĂšve en derniĂšre instance d’une conviction imaginaire, celle de se trouver au centre du monde. Milieu », mot lui-mĂȘme composĂ©, s’écrit et se comprend selon la premiĂšre perspective, dĂ©rivĂ©e de ses commencements, mi-lieu », qui constitue un champ intermĂ©diaire Ă  l’intĂ©rieur d’un espace dĂ©centrĂ© et homogĂšne ; selon la seconde, qui dĂ©rive de son origine, il s’écrit et s’interprĂšte mi-lieu », en rĂ©fĂ©rence Ă  la position d’un centre situĂ© Ă  l’intĂ©rieur d’un espace qualifiĂ© et diffĂ©renciĂ©20. Être au milieu », formule dont Pascal se sert pour caractĂ©riser la condition humaine, c’est ĂȘtre au rouet » de ces deux orientations opposĂ©es dont le conflit, la disproportion » comme l’appelle Pascal, gĂ©nĂšre une inquiĂ©tude existentielle21. Toute la question est de savoir si la conception objective » du milieu, qui a donnĂ© naissance Ă  une nouvelle physique, fondĂ©e sur le principe gĂ©nĂ©ral du dĂ©terminisme, d’oĂč le concept de milieu a tirĂ© ses commencements, a dĂ©finitivement supplantĂ© la conception subjective » qui a constituĂ© son origine, aprĂšs que celle-ci ait Ă©tĂ© disqualifiĂ©e au nom du primat de la raison sur l’imagination. Or, il n’en est rien, comme on est amenĂ© Ă  le constater lorsqu’on aborde la notion de milieu au point de vue de la connaissance de la vie, dans une perspective qui n’est plus abstraite et thĂ©orique mais concrĂšte et pratique en effet, il apparaĂźt alors qu’il n’y a pas de milieu en soi, entiĂšrement dĂ©terminĂ© dans son ĂȘtre par des conditions naturelles, mais il n’y a de milieux que pour des vivants, en relation avec leurs besoins et leurs tendances qui ne cessent de les reconfigurer22. La connaissance de la vie n’a pas affaire Ă  des ĂȘtres dont la constitution pourrait ĂȘtre Ă©tudiĂ©e indĂ©pendamment des rapports qu’ils entretiennent avec un milieu d’existence, qui serait lui-mĂȘme dĂ©terminĂ© en fonction de ses lois propres, donc indĂ©pendamment des vivants qui l’investissent sous des formes qui font intervenir la considĂ©ration non seulement de l’ĂȘtre mais d’un devoir-ĂȘtre pour cette forme spĂ©cifique de connaissance, et c’est ce qui la singularise radicalement, ce qui existe d’emblĂ©e c’est l’ensemble fluctuant des relations d’interpĂ©nĂ©tration rĂ©ciproque entre des vivants et leurs milieux d’existence, ensemble qui constitue une totalitĂ© Ă  la fois indĂ©composable, inanalysable, et en cours permanent de transformation. Les milieux des vivants ne sont pas des Ă©tats donnĂ©s une fois pour toutes, relevant d’une logique de l’ĂȘtre, mais des champs d’action, d’intervention et de circulation, offerts comme tels au sens du possible, dans une perspective non pas ontologique mais axiologique23. Cette nouvelle approche de la notion de milieu est confirmĂ©e, sur le plan de l’éthologie animale par la distinction que fait UexkĂŒll entre Umgebung environnement gĂ©ographique neutralisĂ© et Umwelt monde centrĂ© sur un sujet d’initiatives mettant en Ɠuvre ses valeurs propres, sur le plan de la gĂ©ographie humaine par le possibilisme »24 de Vidal de La Blache, sur le plan de la pathologie humaine par la rĂ©flexion de Goldstein au sujet du Kranksein, et sur le plan de l’ergonomie par les Ă©tudes que Friedmann a consacrĂ©es aux aspects proprement humains, non mĂ©canisables, du travail industriel25 les uns et les autres ont rĂ©orientĂ© la conception du milieu dans le sens de son recentrement sur un sujet axiologique, Ă  l’opposĂ© de la tendance dĂ©terministe, objectivante et neutralisante, privilĂ©giĂ©e par un rationalisme positiviste et scientiste. Toutefois, il ne faudrait pas croire que cette resubjectivation va dans le sens d’un retour en arriĂšre, c’est-Ă -dire d’une rĂ©habilitation de l’animisme sur lequel avait Ă©tĂ© bĂątie la conception antique du cosmos elle amĂšne au contraire Ă  reprendre de fond en comble, en vue de reconstruire cette notion sur de nouvelles bases, la notion de sujet en tant que principe centralisateur autour duquel un monde se dispose et s’organise, donc prend forme dynamiquement. Pour y voir plus clair Ă  ce sujet, il est utile de revenir Ă  la question de l’anthropocentrisme, qui est au cƓur, reprenons les termes de Canguilhem qui viennent d’ĂȘtre citĂ©s, de la reprĂ©sentation de la totalitĂ©, sous la forme d’une sphĂšre, centrĂ©e sur la situation d’un vivant privilĂ©giĂ© l’homme ». Cette reprĂ©sentation, qui a longtemps prĂ©valu, a Ă©tĂ© disqualifiĂ©e quand a Ă©tĂ© effectuĂ©, Ă  l’époque moderne, le passage du gĂ©ocentrisme Ă  l’hĂ©liocentrisme dont a rĂ©sultĂ© une objectivation de la notion de milieu allant dans le sens de son illimitation et de son dĂ©centrement l’homme n’a pu alors continuer Ă  se percevoir comme se trouvant au centre du monde, et d’un monde fait Ă  sa mesure, mais il a Ă©tĂ© rejetĂ© Ă  sa pĂ©riphĂ©rie, une pĂ©riphĂ©rie qui se trouve Ă  la fois partout et nulle part. Mais, congĂ© ayant Ă©tĂ© ainsi donnĂ© au prĂ©jugĂ© anthropocentriste, on n’en a pas fini pour autant avec un autre prĂ©supposĂ©, qui est celui de l’anthropomorphisme, comme le montre Canguilhem dans son article sur L’homme et l’animal d’un point de vue psychologique selon Charles Darwin ». Dans La Descendance de l’homme 1871 et dans l’ouvrage consacrĂ© Ă  l’Expression des Ă©motions chez l’homme et chez l’animal 187226 sont jetĂ©es les bases d’une psychologie comparĂ©e qui relie l’homme et l’animal en installant entre eux une diffĂ©rence, non de nature, mais de degrĂ©, ce qui revient Ă  projeter sur l’ensemble des vivants un principe de mesure que son caractĂšre quantitatif rend homogĂšne dans l’abstrait, et qui est en rĂ©alitĂ© calquĂ© sur le type des classifications humaines. Alors, c’est par rapport Ă  l’homme que l’ensemble des vivants se trouve Ă©valuĂ©, ce qui incite Ă  nous reprĂ©senter comme des animaux Ă  valeur ajoutĂ©e »27, donc, inversement, Ă  reprĂ©senter les animaux comme des hommes Ă  valeur diminuĂ©e, et mĂȘme, si on adopte le paradigme de l’échelle des ĂȘtres, de plus en plus diminuĂ©e. En consĂ©quence, c’est dĂ©valoriser l’animal pour valoriser l’homme au nom de la conception que celui-ci se fait de ses propres valeurs, alors que celles-ci sont Ă©trangĂšres Ă  celles des autres vivants En somme la Descendance de l’homme aurait seulement opĂ©rĂ© un coup de force dans la nomenclature. L’adjectif sapiens, jusqu’alors accolĂ© Ă  homo, serait dĂ©sormais accolĂ© Ă  animal, homo y compris. Mais dans ce transfert l’adjectif conserverait quelque empreinte du substantif auquel il Ă©tait initialement appliquĂ©. »28 Suivi jusqu’à ses ultimes consĂ©quences, ce prĂ©supposĂ© anthropomorphique conduit Ă  penser qu’il n’y a de vrai sujet, pleinement constituĂ©, qu’humain, les autres vivants Ă©tant renvoyĂ©s au statut de quasi sujets, sujets incomplets, imparfaits, voire mĂȘme manquĂ©s, auxquels fait dĂ©faut, du moins en partie, la capacitĂ© entiĂšre d’évaluation et de jugement qui appartient Ă  l’humain comme tel et le dĂ©finit. Cette position est celle d’un Ă©volutionnisme de premier degrĂ©, au point de vue duquel l’antĂ©rieur est automatiquement infĂ©rieur, et le postĂ©rieur supĂ©rieur. Or, dĂšs la thĂšse de mĂ©decine de 1943, Canguilhem avait pris nettement distance avec une telle maniĂšre de voir Vivre, c’est, mĂȘme chez une amibe, prĂ©fĂ©rer et exclure. »29 PrĂ©fĂ©rer et exclure, en faisant la diffĂ©rence entre ce qui est estimĂ© utile et le nuisible, manifestations Ă©lĂ©mentaires de la polaritĂ© de la vie, c’est exprimer des exigences, en rapport avec un devoir-ĂȘtre, donc, au sens propre du terme, juger, mĂȘme si ce n’est pas en conscience et Ă  bon escient. Dans des notes rĂ©digĂ©es en 1941 au moment oĂč Canguilhem est engagĂ© dans le travail de prĂ©paration de sa thĂšse de mĂ©decine, il Ă©crit Si nous admettons, en accord du reste avec la suggestion Ă©tymologique, que juger c’est discriminer et Ă©valuer, pourquoi refuserions-nous le jugement mĂȘme Ă  une amibe, Ă  un vĂ©gĂ©tal ? Partout oĂč il y a vie [
] il y a discernement et choix et donc il y a jugement. Parce que la conscience relative dont il jouit permet Ă  l’homme de construire une thĂ©orie du jugement, cela n’entraĂźne pas que la puissance de juger commence Ă  lui et soit refusĂ©e aux vivants autres que lui. »30 De ce que la puissance de juger ne commence pas Ă  l’homme rĂ©sulte que ce n’est pas en fonction des normes Ă©dictĂ©es par l’homme d’aprĂšs les modalitĂ©s spĂ©cifiques que cette puissance de juger revĂȘt pour lui et si l’on veut en lui, dans son monde propre, que celle-ci doit ĂȘtre interprĂ©tĂ©e gĂ©nĂ©ralement, ce qui revient Ă  la faire rentrer dans une grille homogĂšne et continue oĂč toutes les formes possibles d’exercice de cette puissance de prĂ©fĂ©rer et d’exclure sont rabattues sur un mĂȘme type intellectualisĂ© repris de l’homme. De ce point de vue, le prĂ©jugĂ© anthropomorphique n’est qu’un avatar de l’ontologisme qui fait tout rentrer dans l’ordre du mĂȘme. Sans doute, l’amibe, lorsqu’elle prĂ©fĂšre ou exclut, donc lorsque, Ă  son niveau, – quantum in se est », dirait Spinoza –, elle juge, ne le fait pas, non seulement de la mĂȘme maniĂšre, mais de maniĂšre comparable, c’est-Ă -dire Ă©valuable en termes de plus ou de moins, avec celle qui est propre Ă  l’humain elle le fait de maniĂšre toute diffĂ©rente – Spinoza dirait selon les exigences de son conatus propre31 –, ce qui exclut une telle comparaison. Sur le plan de la vie, s’il y a partout puissance de juger, c’est-Ă -dire de discriminer l’utile du nuisible, il n’y a pas de forme universelle du jugement posĂ©e en rĂ©fĂ©rence Ă  des modĂšles idĂ©aux du bien et du mal qui, considĂ©rĂ©s pour eux-mĂȘmes, auraient une portĂ©e purement thĂ©orique et seraient susceptibles d’ĂȘtre rationalisĂ©s. La puissance de juger s’exerce selon des types irrĂ©ductibles les uns aux autres chez tous les vivants sans exception, – y compris les vĂ©gĂ©taux ; ces derniers, bien qu’ils ne disposent d’aucune mobilitĂ© ne sont pas tout Ă  fait privĂ©s de sensibilitĂ©, donc ont, mĂȘme si cette conscience n’est pas rĂ©flĂ©chie et ne s’accompagne pas de conscience de soi, conscience de leur environnement dont ils ressentent la prĂ©sence Ă  travers les sollicitations venues de lui qu’ils perçoivent parce qu’elles ont un sens pour eux 32. Cela signifie que ces vivants sont tous, chacun Ă  sa maniĂšre, sujets de jugement, en l’absence d’une forme-sujet gĂ©nĂ©rale, dĂ©finissable une fois pour toutes dans sa forme, Ă  laquelle ces diffĂ©rentes façons d’ĂȘtre sujet puissent ĂȘtre rapportĂ©es lorsque l’homme Ă©labore l’idĂ©e d’une forme-sujet dotĂ©e de conscience, c’est dans le contexte propre Ă  ses conditions d’existence qui impliquent la capacitĂ© de rĂ©flĂ©chir et de raisonner mise en Ɠuvre, cultivĂ©e et mĂ©morisĂ©e au cours de sa longue histoire par Homo sapiens. De cette conscience-lĂ , qui n’est cependant pas le type universel de la conscience mais reprĂ©sente les modalitĂ©s de celle-ci qui ont Ă©tĂ© informĂ©es par la culture et les pratiques mĂ©morielles qui lui sont propres, le vĂ©gĂ©tal et l’amibe sont manifestement privĂ©s mais cela ne les empĂȘche pas d’ĂȘtre eux aussi, dans l’ordre qui les dĂ©finit, sujets » Ă  l’intĂ©rieur de leurs mondes oĂč ils dĂ©tiennent, dans certaines limites, autant qu’il est en eux de le faire, la position de centres de jugement et d’initiative, capables comme tels de rĂ©agir Ă  des sollicitations venues de leur environnement. Il en rĂ©sulte que ĂȘtre sujet, pour un vivant quel qu’il soit, ce n’est pas prioritairement ĂȘtre sujet de raison, ce qui, Ă  la rigueur, mais c’est encore bien rĂ©ducteur, peut ĂȘtre avancĂ© Ă  propos de l’homme, mais c’est ĂȘtre sujet d’action, engagĂ© dans le monde d’une maniĂšre qui n’est pas uniquement reprĂ©sentationnelle et mentale mais aussi, et mĂȘme avant tout, comportementale et corporelle. Être sujet, ce qui n’est pas une condition donnĂ©e de maniĂšre statique, c’est donc avant tout se trouver dans un rapport d’interpĂ©nĂ©tration rĂ©ciproque avec son milieu d’existence, et adopter tant bien que mal, en prenant des risques, les allures de vie qui rĂ©pondent dynamiquement Ă  ce rapport ; en consĂ©quence, c’est dĂ©velopper, autant qu’on y est enclin par sa nature, le sens du possible. Devoir ĂȘtre, Ă  ce point de vue, ne se rĂ©sume pas au fait de se soumettre mĂ©caniquement Ă  des obligations extĂ©rieures, mais consiste Ă  ĂȘtre inclinĂ© par sa nature propre dans le sens d’un mouvement tendanciel dont le principe est immanent Ă  son sujet »33. L’identitĂ© d’un tel sujet, qui n’est pas rĂ©ductible Ă  un Ă©tat ou Ă  un acquis, est elle-mĂȘme tendancielle, c’est-Ă -dire qu’elle se constitue et se transforme au fur et Ă  mesure que se dĂ©roule le cycle de ses interfĂ©rences avec son milieu ; elle reste une virtualitĂ© qui demeure en permanence Ă  mettre en Ɠuvre34. À ce point de vue, il n’y a de milieu, comme il n’y a de sujet, que virtuels. Ce qui spĂ©cifie l’humain par rapport aux autres vivants, c’est que cette plasticitĂ© est portĂ©e par lui Ă  sa puissance maximale l’évolution naturelle et son histoire propre, qui, il ne faut pas l’oublier, est issue de cette Ă©volution et n’en est en fin de compte qu’une production dĂ©rivĂ©e, une branche », lui ont donnĂ© la capacitĂ© Ă  la fois de changer son milieu, par l’intermĂ©diaire de la technique, et, au besoin, de changer de milieu en s’exterritorialisant, capacitĂ© dont les autres espĂšces ne disposent pas, du moins Ă  ce degrĂ© et Ă  ce rythme. La reconfiguration de la notion de sujet appelĂ©e par la connaissance de la vie en Ă©largit donc l’extension en rĂ©trĂ©cissant sa comprĂ©hension ĂȘtre sujet, au point de vue propre Ă  cette connaissance, ce n’est rien de plus que prĂ©fĂ©rer et exclure, en Ă©tant exposĂ© Ă  la polaritĂ© de la vie et de ses valeurs. Est-il permis de parler Ă  ce propos de rĂ©volution copernicienne » ? Cette formule, on le sait, peut ĂȘtre prise dans des sens opposĂ©s. Dans son sens littĂ©ral, celui de Copernic, elle Ă©voque la procĂ©dure de dĂ©centration et d’objectivation qui dĂ©bouche Ă  terme sur la reprĂ©sentation de l’univers infini35. Dans la reprise paradoxale qui en a Ă©tĂ© effectuĂ©e par une certaine vulgate kantienne, elle indique, exactement Ă  l’inverse, une opĂ©ration de recentrement, qui replace le sujet au centre d’un monde alors, ce dernier cesse d’ĂȘtre le monde » en gĂ©nĂ©ral et devient, en particulier, son monde », celui qu’il recrĂ©e Ă  sa mesure en utilisant les moyens qui lui sont fournis par son organisation mentale, sa raison ». Lorsqu’il forge le concept d’Umwelt, UexkĂŒll explique que la biologie trouve accĂšs Ă  la doctrine de Kant qu’elle va scientifiquement exploiter dans la thĂ©orie des milieux en insistant sur le rĂŽle dĂ©cisif du sujet »36 ce rĂŽle dĂ©cisif concĂ©dĂ© au sujet revient Ă  le placer au centre d’un monde qui est, Ă  tous Ă©gards, le sien », et ne peut en consĂ©quence ĂȘtre reprĂ©sentĂ© comme un ordre de rĂ©alitĂ© universellement diffus et englobant, espace neutre indĂ©pendant de la position du sujet qui l’occupe ou qui l’habite. Lorsqu’il fait ce rapprochement, UexkĂŒll ne tient pas compte du fait que le sujet auquel il fait rĂ©fĂ©rence, qui se pose comme tel en rapport Ă  l’Umwelt qu’il reconfigure autour de lui en fonction de ses valeurs propres, n’est pas, comme l’envisage Kant, un sujet mental, soumis aux rĂšgles d’une raison pure, mais un sujet corporel, d’emblĂ©e engagĂ© dans le monde oĂč il agit, ce qui change tout ce sujet n’est en aucun cas un esprit tournĂ© prioritairement vers soi, un sujet qui se » pense, mais un ĂȘtre que son organisation corporelle, si elle peut ĂȘtre considĂ©rĂ©e en elle-mĂȘme et pour elle-mĂȘme d’un point de vue anatomique, met, si on la considĂšre sur le plan de son fonctionnement, donc d’un point de vue physiologique, en rapport avec d’autres ĂȘtres naturels, vivants ou non vivants, Ă  l’égard desquels il est amenĂ© Ă  entretenir des rapports actifs de prĂ©fĂ©rence ou d’exclusion, en formulant les exigences propres Ă  un devoir-ĂȘtre » en cours d’effectuation. D’autre part, UexkĂŒll donne Ă  penser que, Ă  son point de vue, chaque monde conformĂ© en rapport avec un certain type de vivant et centrĂ© sur ses besoins spĂ©cifiques se prĂ©sente comme un empire autonome, enfermĂ© dans les limites de son ordre propre, tanquam imperium in imperio, serait-on tentĂ© de dire ; il faudrait alors traduire cette formule comme un empire dans l’empire », ce second empire, qui contient tous les autres, Ă©tant le monde en gĂ©nĂ©ral. En vue de dĂ©velopper cette idĂ©e, UexkĂŒll utilise une parabole , celle du chĂȘne et de ses habitants qui, selon ses propres termes, fournit le tĂ©moignage de ce qui se produit en grand dans le grand arbre de la nature »37. Pour les animaux qui s’y sont installĂ©s, – le renard qui a construit sa taniĂšre entre ses racines, la chouette qui a trouvĂ© au croisement de ses branches un poste d’observation commode, la fourmi qui fouille sous l’écorce de son tronc, etc. –, la mĂȘme rĂ©alitĂ© naturelle fait l’objet de dĂ©coupes diffĂ©rentes38. Le sujet-chĂȘne, sujet-monde qui porte et renferme tous les milieux », contient les empires particuliers que s’y taillent, chacun pour soi, les diffĂ©rents vivants qui l’habitent en ignorant son existence et sans rien savoir de sa nature il constitue pour eux l’équivalent de la chose en soi inconnaissable Ă  laquelle ils n’ont pas besoin de se rĂ©fĂ©rer pour exister et pour agir Ă  leur façon propre. L’univers tel que UexkĂŒll l’interprĂšte, est peuplĂ© de sujets, sujets intentionnels Ă  dĂ©faut d’ĂȘtre rĂ©flĂ©chis et conscients des buts vers lesquels leurs comportements sont orientĂ©s ; ces sujets dĂ©ploient autour d’eux des mondes composĂ©s de signes que, s’ils ne les ont pas Ă  proprement parler produits, tirĂ©s absolument du nĂ©ant, ils ont sĂ©lectionnĂ©s. Kurt Goldstein a opposĂ© Ă  cette maniĂšre de voir l’objection suivante Ce ne serait possible que si chaque organisme individuel vivait solidement encastrĂ© dans un monde Ă  part, son environnement, et si pour lui le reste du monde n’existait pas. Mais dans ce cas le problĂšme de l’organisme serait simplement dĂ©placĂ© pour devenir le problĂšme de cet environnement dĂ©terminĂ©. En rĂ©alitĂ© la situation est toute diffĂ©rente. Chaque organisme vit dans un monde qui est loin de ne contenir que des excitations adĂ©quates Ă  cet organisme, il ne vit point dans son seul environnement », mais au contraire dans un monde oĂč toutes les autres excitations possibles se font sentir et agissent sur lui. C’est de cet environnement en quelque sorte nĂ©gatif qu’il doit venir Ă  bout. En rĂ©alitĂ© il se fait sans cesse un choix parmi les Ă©vĂ©nements du monde selon qu’ils appartiennent » Ă  l’organisme ou qu’ils n’appartiennent pas Ă  l’organisme. L’environnement d’un organisme n’est point quelque chose d’achevĂ©, mais il se forme sans cesse Ă  nouveau dans la mesure oĂč l’organisme vit et agit. »39 L’environnement d’un organisme n’est point quelque chose d’achevĂ© » il n’est pas donnĂ© tel quel avec l’organisme, au titre d’un prolongement ou d’une Ă©manation de sa constitution, mais il est le rĂ©sultat de son activitĂ© temporelle, au cours de laquelle l’organisme est en prise avec un monde dans lequel il lui faut Ă  chaque fois se refaire une place en tenant compte des circonstances du moment. Pour revenir au modĂšle du chĂȘne, celui-ci ne se prĂ©sente pas comme un immeuble Ă  plusieurs Ă©tages dont les diffĂ©rents occupants seraient confinĂ©s dans des appartements sĂ©parĂ©s, et n’auraient l’occasion de se rencontrer, fugitivement et sans suite, que lorsqu’ils en empruntent les parties communes ». Se retrouve ici l’ambiguĂŻtĂ© constitutive de la notion de milieu, qui ne fonctionne pas Ă  sens unique, mais est rĂ©versible, dans la mesure oĂč elle joue simultanĂ©ment du centre vers la pĂ©riphĂ©rie mais aussi de la pĂ©riphĂ©rie vers le centre, ce qui lui confĂšre instabilitĂ© et inachĂšvement. La relation du vivant Ă  son milieu ne prĂ©sente donc pas le caractĂšre d’un fait immuable, objectivement donnĂ©, mais elle est tendancielle, en cours d’effectuation, jamais achevĂ©e ; c’est pourquoi son allure est celle d’un devoir-ĂȘtre » dont la rĂ©alisation, soumise aux conditions de la prĂ©caritĂ©, n’est pas garantie. La fable du chĂȘne racontĂ©e par UexkĂŒll offre une certaine analogie avec la parabole du hĂ©risson que Canguilhem commente dans La connaissance de la vie 40. Dans la piĂšce de Giraudoux, Electre, Ă  laquelle cette parabole est empruntĂ©e, le mendiant qui la rapporte s’interroge sur le destin tragique qui amĂšne les hĂ©rissons Ă  traverser des routes oĂč ils se font Ă©craser. Or, selon Canguilhem, cette interrogation n’a aucun sens si on prend en compte les conditions dans lesquelles les hĂ©rissons sont amenĂ©s Ă  se dĂ©placer, non pas dans l’espace en gĂ©nĂ©ral, mais dans leur espace Ă  eux, tel qu’il se dĂ©finit en fonction des besoins et tendances des vivants qu’ils sont, c’est-Ă -dire prĂ©cisĂ©ment des hĂ©rissons Ă  l’intĂ©rieur de cet espace, il n’y a pas de routes, celles-ci Ă©tant tracĂ©es par les hommes Ă  travers leur espace spĂ©cifique d’hommes modifiĂ© par les moyens des techniques humaines. En consĂ©quence, il n’y a pas lieu de se demander quelle fatalitĂ© amĂšne les hĂ©rissons Ă  traverser les routes tracĂ©es par les hommes, car ces routes, qui figurent dans l’espace des hommes, n’ont pas place dans leur espace de hĂ©rissons, ce qui explique qu’ils s’y lancent Ă  l’aveugle. Mais il faut aller plus loin si les hĂ©rissons ne traversent pas les routes humaines, ces derniĂšres, elles, coupent, lacĂšrent, l’espace configurĂ© en fonction de leur nature propre de hĂ©rissons, ce qui a pour eux des consĂ©quences fatales qu’ils ne pouvaient prĂ©voir car elles Ă©taient privĂ©es pour eux de signification. Il serait donc inappropriĂ© de soutenir que les espaces vitaux des hommes, des hĂ©rissons, et de toutes les autres espĂšces de vivants, se cĂŽtoient sans jamais se rencontrer, Ă  la maniĂšre de locaux cloisonnĂ©s qui coexistent dans le cadre d’un immeuble collectif oĂč, Ă©tant rĂ©unis, ils restent cependant dĂ©finitivement indĂ©pendants les uns des autres bien au contraire, la rĂ©alitĂ© effective des mouvements vitaux accomplis Ă  l’intĂ©rieur de ces diffĂ©rents espaces est affectĂ©e par les diverses formes que sont exposĂ©s Ă  prendre leurs croisements, Ă  l’intĂ©rieur d’un monde oĂč, en permanence, ils interfĂšrent ou risquent d’interfĂ©rer. Se retrouve ici la conflictualitĂ© immanente Ă  la notion de milieu, qui fluctue entre deux pĂŽles extrĂȘmes, l’un objectif, neutre et indiffĂ©renciĂ©, l’autre subjectif, qualifiĂ© et valorisĂ©. Ce qu’on appelle espace est pris entre ces deux maniĂšres d’exister selon l’une, il dĂ©ploie ses rĂ©gularitĂ©s sur un plan gĂ©nĂ©ral, uniformĂ©ment, nĂ©cessairement, sans privilĂ©gier aucun type d’ĂȘtre ou de comportement ; selon l’autre, il revĂȘt des allures spĂ©ciales, diversifiĂ©es, orientĂ©es en fonction des besoins des sujets qui en font leur champ d’action. D’un cĂŽtĂ©, il obĂ©it Ă  la logique de l’ĂȘtre, en vertu de laquelle il n’est qu’un contenant pour des mi-lieux ; de l’autre cĂŽtĂ©, il est mobilisĂ©, entraĂźnĂ© par l’élan du devoir-ĂȘtre qui le diversifie en mi-lieux incommensurables entre eux. Dans une telle situation, vivre, persĂ©vĂ©rer dans son ĂȘtre, c’est-Ă -dire avoir Ă  ĂȘtre, en Ă©tant portĂ© par la puissance du virtuel et non en se soumettant aveuglĂ©ment Ă  des rĂšgles, n’est possible qu’en relation Ă  la fois avec un mi-lieu et avec un mi-lieu. Il en rĂ©sulte que ce n’est pas un Ă©tat garanti, mais une expĂ©rience paradoxale, contrastĂ©e, hasardeuse, pleine de risques, incertaine, tendancielle, Ă  la fois centrĂ©e et dĂ©centrĂ©e, tiraillĂ©e entre les deux pĂŽles de l’objectif et du subjectif, dont l’opposition n’est pas susceptible d’ĂȘtre rĂ©solue. Le principal point d’inflexion du parcours suivi par Canguilhem a Ă©tĂ© la dĂ©cision d’entreprendre des Ă©tudes de mĂ©decine, dĂ©cision philosophique motivĂ©e par le dĂ©sir de donner un contenu concret, puisĂ© Ă  mĂȘme le dĂ©roulement des processus vitaux, Ă  la rĂ©flexion au sujet du devoir-ĂȘtre. [↩]Cf. la reproduction de la confĂ©rence Le cerveau et la pensĂ©e », placĂ©e en tĂȘte du recueil des Actes du Colloque de 1990, Georges Canguilhem, philosophe, historien des sciences, Paris, Albin Michel, 1993, p. 29. [↩]La maxime comtienne Connaissance d’oĂč prĂ©voyance, prĂ©voyance d’oĂč action », qui Ă©tablit, entre la science et la technique, une relation directe d’application, prĂ©figure Ă  sa maniĂšre la rationalisation du travail humain mise en oeuvre par le taylorisme, qui fait de l’ouvrier un organe de la machine, comme le montrent les recherches de G. Friedmann auxquelles Canguilhem a fait Ă  maintes reprises rĂ©fĂ©rence. Cette mĂ©canisation tendancielle du travail, qui repose sur la procĂ©dure de normalisation par laquelle sont engendrĂ©s des sujets productifs calibrĂ©s en vue d’accomplir le type de tĂąches auxquelles ils sont vouĂ©s, constitue une forme de subordination Ă  la loi de l’ĂȘtre, Ă  la loi des choses ; celle-ci suscite inĂ©vitablement des rĂ©sistances, donc l’appel Ă  un devoir-ĂȘtre qui, Ă  terme, retourne le rapport de la connaissance et de l’action. Marx pensait Ă  quelque chose de ce genre lorsqu’il avançait, en vue de rĂ©duire les prĂ©tentions autotĂ©liques de la raison, la thĂšse du primat de la pratique. [↩]Avec une ironie cinglante pleine de sous-entendus, la Note sur la situation faite en France Ă  la philosophie biologique » Ă©pingle au passage le tropisme spiritualiste propre Ă  la philosophie de tradition française, prompt Ă  engendrer l’habitude de ne plus cultiver le jardin, en laissant ce soin Ă  la Providence » Oeuvres ComplĂštes, t. IV, Paris, Vrin, 2015, p. 319. [↩]Kant, Essai pour introduire en philosophie le concept de grandeur nĂ©gative, trad. fr., Paris, Vrin, 1949, p. 76. Cette traduction, prĂ©cĂ©dĂ©e d’une longue introduction, avait constituĂ© un travail de maĂźtrise rĂ©alisĂ© Ă  Strasbourg par R. Kempf sous la direction de Canguilhem, qui en a lui-mĂȘme prĂ©facĂ© l’édition. [↩]Dans son Esquisse d’une philosophie des valeurs 1939, E. DuprĂ©el, que Canguilhem avait lu de prĂšs, dĂ©clare Un concept n’est possible que par un refoulement dans l’indĂ©terminĂ© de tout ce qu’on ne fait pas entrer dans sa comprĂ©hension ; il appelle le correctif de son anti-concept. Ce mot ne veut pas dire son contraire, mais son complĂ©ment » p. 73, et Le philosophe est le penseur qui ne fait jamais abstraction des complĂ©mentaires » p. 289. [↩] La contradiction est une opposition absolue, l’opposĂ© y est la nĂ©gation, sans rĂ©serves, du posĂ©. Or, si cela est, l’un des deux termes seul peut ĂȘtre rĂ©el, puisque l’autre est tout nĂ©gatif. Mais le cas des contraires est tout dissemblable. Ils ne se nient pas entiĂšrement l’un l’autre et cela demande qu’ils aient de la rĂ©alitĂ© l’un comme l’autre. La contrariĂ©tĂ© en un mot, est une opposition rĂ©elle. » O. Hamelin, Essai sur les Ă©lĂ©ments principaux de la reprĂ©sentation, Paris, PUF, 1952, p. 11 [↩]Rickert, ThĂšses pour le systĂšme de la philosophie » 1932, trad. fr. in Le systĂšme des valeurs et autres articles, Paris, Vrin, 2007, p. 266. Il est Ă  noter que, lorsque Rickert assigne pour but Ă  la philosophie de progresser jusqu’au tout », il veut dire qu’elle doit s’orienter dans le sens de cette progression, sans toutefois que cela signifie que celle-ci puisse parvenir Ă  son terme. [↩]G. Canguilhem, Le normal et le pathologique, Paris, PUF/Quadrige, 1988, p. 135. [↩]Id., p. 176. [↩]Dans le Cours de philosophie gĂ©nĂ©rale et de logique professĂ© en 1942-1943, donc au moment oĂč Canguilhem compose son Essai sur quelques problĂšmes concernant le normal et le pathologique, l’utopie est ainsi caractĂ©risĂ©e L’utopie, c’est le nom que prend en matiĂšre sociale le caractĂšre d’exigence opposĂ© Ă  l’existence, de tout jugement normatif » ƒuvres complĂštes, t. IV, Paris, Vrin, 2015, note, p. 108. L’esprit d’utopie, c’est cette incitation Ă  aller au-delĂ  de ses manifestations donnĂ©es qui, de l’intĂ©rieur, creuse le rĂ©el elle l’engage sur la voie du devoir-ĂȘtre et de ses exigences » qui lui prescrivent d’ĂȘtre plus que ce qu’il est, de se dĂ©passer. Cette maniĂšre d’apprĂ©hender l’utopie n’est pas Ă©loignĂ©e de celle dĂ©veloppĂ©e par Ernst Bloch Ă  partir de l’opposition entre possible rĂ©el » et possible objectif » qui, comme Bergson l’avait fait dans sa confĂ©rence sur Le possible et le rĂ©el », procĂšde du renversement de la relation du possible au rĂ©el le possible ne se situe pas en attente d’un rĂ©el dont il constituerait la promesse ou l’annonce anticipĂ©e, mais il reprĂ©sente d’emblĂ©e la face nĂ©gative de ce rĂ©el dont il est la projection en acte ; il ne se situe pas en arriĂšre du rĂ©el, comme un rĂ©el en puissance, mais devant lui, au titre d’une exigence qui pousse activement dans le sens de sa transformation, de sa transformation rĂ©volutionnaire dirait-on dans le langage du marxisme. Etwas fehlt », refrain d’une des chansons du Mahagonny de Brecht que Bloch a Ă©rigĂ© en maxime de l’esprit d’utopie, exprime la puissance de transformation dont est porteur en lui-mĂȘme, en tant que schĂšme pratique, le nĂ©gatif. [↩]Dans le mĂȘme sens, F. Deligny place en alternative aux convictions surplombantes du croire » les expĂ©riences hasardĂ©es par le craindre », qui assume les incertitudes du monde tel qu’il est ou tel qu’il paraĂźt ĂȘtre dans lequel il essaie tant bien que mal de s’orienter. [↩]L’appel aux valeurs, loin d’ĂȘtre portĂ© par un esprit consensuel de rĂ©conciliation, remplit avant tout une fonction corrosive de contestation. C’est dans ce sens que Canguilhem a interprĂ©tĂ© la leçon de rĂ©sistance » qu’il avait reçue de CavaillĂšs. [↩]Dans son Commentaire au troisiĂšme chapitre de L’Evolution crĂ©atrice, Canguilhem Ă©crit Le schĂšme, c’est moins une forme qu’une indication, une direction de forme » ƒuvres ComplĂštes, t. IV, Paris, Vrin, 2015, p. 158, ce qui souligne le caractĂšre essentiellement dynamique de cette notion. Selon Kant, le principe du schĂ©matisme, fonction de l’imagination qui est en derniĂšre instance le moteur de l’activitĂ© de la raison, est logĂ© dans les replis secrets de l’ñme humaine au titre d’une exigence, et mĂȘme pourrait-on dire d’une exigence vitale, il en reprĂ©sente, au sens propre du terme, la tendance la plus profonde. C’est ce qui a conduit Heidegger, dans son livre sur Kant et le problĂšme de la mĂ©taphysique, Ă  rĂ©interprĂ©ter l’ensemble de la dĂ©marche critique Ă  la lumiĂšre de ce schĂ©matisme », qui place l’imagination au cƓur du fonctionnement de la raison, proposition renversante, d’oĂč ressort une image complĂštement nouvelle du kantisme, qui a choquĂ© au moment oĂč elle a Ă©tĂ© lancĂ©e voir Ă  ce sujet le dĂ©bat que, Ă  l’occasion du colloque de Davos, Heidegger a eu en 1929, annĂ©e oĂč son livre a Ă©tĂ© publiĂ©, avec Cassirer, reprĂ©sentant d’un kantisme plus classique, plus rationnel » ; en raison de l’effet de stimulation qu’elle produit, cette relecture dĂ©capante, iconoclaste, mĂ©rite d’ĂȘtre prise en compte. [↩] Le normal et le pathologique », in La connaissance de la vie, Paris, Vrin, 1966, p. 167. [↩]En suivant l’histoire de cette notion, on rencontre des occurrences les plus contradictoires de celle-ci on parle de milieu intĂ©rieur » ou de milieu extĂ©rieur », de milieu propre » centrĂ© comme tel sur une position de sujet ou de milieu naturel » n’impliquant aucune position de sujet, etc. Etonnamment, cette notion navigue au milieu » de ces occurrences entre lesquelles elle balance sans fin, Ă  l’interface du naturel et de l’artificiel. [↩] Nous estimons que les questions authentiquement importantes sont des questions mal posĂ©es [
] Une question ne peut, en tant que telle, ĂȘtre que mal posĂ©e. » La formation du concept de rĂ©flexe aux XVIIe et XVIIIe siĂšcles, Paris, PUF, 1955, p. 123 C’est prĂ©cisĂ©ment parce qu’elle se dĂ©robe Ă  une analyse rationnelle directe que la notion de milieu est fĂ©conde, et oblige Ă  remettre en question un certain nombre d’idĂ©es reçues. [↩]Dans le contexte propre Ă  ce dĂ©bat, le mot milieu » vĂ©hicule des significations complĂštement diffĂ©rentes pour Lamarck, il dĂ©signe la Nature grandiose et tragique des romantiques ; pour Darwin, c’est l’ensemble limitĂ© des concurrents et agresseurs potentiels qui se disputent un mĂȘme espace vital. On trouve lĂ  un exemple de la polysĂ©mie du concept de milieu, qui est le moteur essentiel de son fonctionnement. [↩] Le vivant et son milieu », La connaissance de la vie, p. 15. [↩]Ces deux façons possibles de graphier le mot milieu » sont indiquĂ©es par Canguilhem au bas de la p. 150 de La connaissance de la vie. [↩] Lorsque, tout Ă  la fin de la partie complĂ©mentaire du Normal et le pathologique, Canguilhem introduit la thĂ©matique proprement renversante de la maladie de l’homme normal » Le normal et le pathologique, Paris, PUF/Quadrige, 1966, p. 216, il inscrit sa dĂ©marche dans une telle ambiance d’inquiĂ©tude ; celle-ci est installĂ©e dĂšs lors que sont dissipĂ©es les certitudes dont, sĂ»r de son identitĂ©, se gargarise un sujet de survol qui s’est placĂ© dans une position surplombante par rapport aux alĂ©as de son milieu d’existence, ce qui lui permet de confĂ©rer Ă  sa normalitĂ© » une dimension ontologique, donc d’en faire un Ă©tat stable auquel il attribue illusoirement la capacitĂ© de se perpĂ©tuer Ă  l’identique. L’homme dit sain n’est donc pas sain. Sa santĂ© est un Ă©quilibre qu’il rachĂšte sur des ruptures inchoatives. La menace de la maladie est l’un des constituants de la santĂ© » id., p. 217. Dans l’épilogue elliptique qu’il a placĂ© en conclusion du Normal et le Pathologique, Canguilhem laisse entendre que l’appel Ă  ĂȘtre normatif » en faisant craquer les normes » qu’il avait lancĂ© dans son Essai de 1943, appel qui, pris Ă  la lettre, tendait Ă  minorer la menace de la maladie et Ă  faire l’impasse sur le fait qu’elle est l’un des constituants de la santĂ© », Ă©tait le fait d’un homme jeune que la tĂ©mĂ©ritĂ© inclinait Ă  dĂ©velopper une conception impĂ©rative, hĂ©roĂŻque, du devoir-ĂȘtre. Vingt ans aprĂšs », le mĂȘme Canguilhem invite son lecteur Ă  mesurer combien, avec le temps, nous avons, conformĂ©ment Ă  notre discours sur les normes, rĂ©duit les nĂŽtres » id., p. 218 cette formule contournĂ©e suggĂšre qu’il est passĂ© Ă  une conception plus mesurĂ©e, et en quelque sorte plus rĂ©aliste, du devoir-ĂȘtre, modĂ©rĂ©e par la considĂ©ration des ruptures inchoatives » qui accompagnent inĂ©vitablement sa mise en Ɠuvre. Devoir-ĂȘtre signifie alors, non plus imposer par la seule force de sa volontĂ© de nouvelles normes d’existence allant dans le sens de son Ă©largissement, mais avoir pĂ©niblement Ă  ĂȘtre, Ă  continuer Ă  ĂȘtre, Ă  persĂ©vĂ©rer dans son ĂȘtre, en tenant compte des multiples risques de perturbation provoquĂ©s les erreurs de la vie et les incertitudes du milieu, qui, les unes comme les autres, ne peuvent ĂȘtre ni ignorĂ©es ni contrĂ©es frontalement. En forçant le trait, on pourrait dire qu’il est alors passĂ© d’une conception morale du devoir-ĂȘtre qui en renvoie la responsabilitĂ© Ă  un sujet que sa vigueur momentanĂ©e incite Ă  ĂȘtre sĂ»r de soi, ce qui tend Ă  l’installer dans une position de survol, Ă  une conception au sens propre du terme biologique, pratiquĂ©e dans un esprit de surveillance, attentive aux alĂ©as qui, qu’il s’en rende compte ou non, remettent en question la stabilitĂ© dont profite provisoirement, de façon inĂ©vitablement prĂ©caire, l’homme en bonne santĂ©. [↩]ConsidĂ©rer les vivants en les sĂ©parant de leurs milieux d’existence, c’est procĂ©der, en thĂ©orie, Ă  une opĂ©ration d’abstraction qui, automatiquement, ĂŽte Ă  ces vivants leur capacitĂ© d’agir, donc en fin de compte leur puissance d’exister de tels vivants, privĂ©s de besoins et de tendances, ne sont plus que des choses mortes. C’est en raison de l’importance qu’il attribuait Ă  cette question que Canguilhem, lorsqu’il a dirigĂ© une collection de textes philosophique Ă  l’usage de l’enseignement, s’est rĂ©servĂ© la responsabilitĂ© de composer l’ouvrage intitulĂ© Besoins et tendances ». [↩]Selon Foucault, c’est cette approche que privilĂ©gient les techniques sĂ©curitaires mises en Ɠuvre par le biopouvoir La sĂ©curitĂ© va essayer d’amĂ©nager un milieu en fonction d’évĂ©nements ou de sĂ©ries d’évĂ©nements ou d’élĂ©ments possibles, sĂ©ries qu’il va falloir rĂ©gulariser dans un cadre multivalent et transformable. L’espace propre Ă  la sĂ©curitĂ© renvoie donc Ă  une sĂ©rie d’évĂ©nements possibles, il renvoie au temporel et Ă  l’alĂ©atoire, un temporel et un alĂ©atoire qu’il va falloir inscrire dans un espace donnĂ©. L’espace dans lequel se dĂ©roulent des sĂ©ries d’élĂ©ments alĂ©atoires, c’est, je crois, Ă  peu prĂšs cela que l’on appelle le milieu [
] Le milieu, qu’est-ce que c’est ? C’est ce qui est nĂ©cessaire pour rendre compte de l’action Ă  distance d’un corps sur un autre. C’est donc bien le support et l’élĂ©ment de circulation d’une action. C’est donc le problĂšme circulation et causalitĂ© qui est en question dans cette notion de milieu » SĂ©curitĂ©, territoire, population, leçon du 11 janvier 1978, Paris, Gallimard/Seuil, 2004, p. 22. Le milieu, – l’analyse de Foucault se rapporte au cas prĂ©cis du milieu urbain, Ă  l’époque oĂč la croissance Ă©conomique est liĂ©e au dĂ©veloppement des villes –, c’est une portion d’espace offerte Ă  des perspectives collectives de dĂ©placement qui ne sont pas autorĂ©gulĂ©es, et en consĂ©quence se prĂȘtent Ă  ĂȘtre contrĂŽlĂ©es sĂ©curiser ce genre de milieu, oĂč la circulation est devenue un enjeu de gouvernement, c’est anticiper les mouvements qui peuvent s’y produire ; c’est intervenir de maniĂšre prĂ©visionnelle, non sur du rĂ©el mais sur du possible. [↩]C’est Lucien Febvre qui, dans son livre La terre et l’évolution humaine, Introduction gĂ©ographique Ă  l’histoire 1922, la mĂȘme annĂ©e oĂč ont Ă©tĂ© publiĂ©s Ă  titre posthume les Principes de gĂ©ographie humaine de Vidal de la Blache Ă©ditĂ©s par de Martonne, a utilisĂ© le concept de possibilisme » pour rendre compte du tournant opĂ©rĂ© par Vidal de La Blache, en opposition aux gĂ©ographes allemands de l’école de Ratzel qui prĂ©sentait les populations comme Ă©tant rivĂ©es et soumises au sol qu’elles occupent dont elles subissent le dĂ©terminisme causal. Au point de vue de la nouvelle conception du milieu sur laquelle repose une gĂ©ographie mĂ©ritant Ă  plein l’appellation d’ humaine », celui-ci ne consiste pas en un cadre physique, rigidement structurĂ© par sa morphologie qui imposerait ses lois matĂ©rielles Ă  ses occupants, mais il est un espace de possibles, Ă  explorer et Ă  exploiter Ă  l’essai, pour voir en quelque sorte, en se guidant, non sur les lois d’une ontologie, mais sur les valeurs d’une axiologie ; un tel espace s’offre Ă  ĂȘtre, au sens fort du terme, habitĂ© selon les besoins qui dĂ©finissent dynamiquement un mode de vie », ensemble de schĂšmes d’existence virtuels qui se dĂ©finissent peu Ă  peu au fur et Ă  mesure de leur mise en Ɠuvre, en interaction avec le milieu dans lequel ils prennent forme. Une telle conception du milieu, ouverte et non fermĂ©e, se trouvait dĂ©jĂ  en germe chez Darwin, en rapport, non seulement avec les besoins humains tels qu’ils se dĂ©veloppent sous un horizon de culture, mais avec les tendances d’espĂšce propres au vivant en gĂ©nĂ©ral Les possibilitĂ©s d’adaptation d’une espĂšce Ă  son milieu peuvent n’ĂȘtre pas uniques menacĂ©e dans le cadre d’un certain genre de vie, elle retrouve parfois une place si elle rĂ©ussit Ă  modifier son style d’existence. Les places vacantes » en un lieu donnĂ©, selon la terminologie de Darwin, sont moins des espaces libres que des systĂšmes de vie habitat, mode d’alimentation, d’attaque, de protection qui y sont thĂ©oriquement possibles et non encore pratiquĂ©s » Du dĂ©veloppement Ă  l’évolution au XIXe siĂšcle, ThalĂšs, Travaux de l’Institut d’Histoire des sciences et des techniques de l’annĂ©e 1960, Paris, PUF/Quadrige, 1962, p. 32. La notion de style d’existence », ici indiquĂ©e au passage, renvoie au mĂȘme contenu que celle de mode de vie » utilisĂ©e par les gĂ©ographes elle suggĂšre que vivre en relation avec un milieu, pour l’homme comme pour tout vivant, ne consiste pas Ă  se soumettre Ă  des rĂšgles fixĂ©es une fois pour toutes par la nature du milieu environnant ; mais c’est esquisser, en prenant des risques, et dans une perspective d’inachĂšvement, une dĂ©marche inventive qui configure ses buts Ă  mĂȘme le mouvement par lequel, sans garanties, elle se dirige vers eux suivant un certain style ». Le Kranksein thĂ©orisĂ© par Goldstein est, Ă  sa maniĂšre, un style d’existence », qui s’offre Ă  ĂȘtre pratiquĂ© dans une situation limite de crise. [↩]Cf., Ă  ce sujet, Milieu et normes de l’homme au travail », compte-rendu publiĂ© en 1947 dans les Cahiers internationaux de sociologie du livre de G. Friedmann, ProblĂšmes humains du machinisme industriel Canguilhem, ƒuvres complĂštes, t. IV, Paris, Vrin, 2015, p. 291 et sq.. [↩]C’est dans ces deux ouvrages, postĂ©rieurs d’une dizaine d’annĂ©es Ă  l’Evolution des espĂšces, qu’ont Ă©tĂ© posĂ©s les premiers jalons de ce qui s’est appelĂ© plus tard le nĂ©o-darwinisme ». [↩]Cette formule est utilisĂ©e par Tim Ingold dans Marcher avec les dragons, trad. fr., Bruxelles, Zones sensibles, 2014, p. 100. [↩] L’homme et l’animal du point de vue psychologique selon Charles Darwin », in Etudes d’histoire et de philosophie des sciences, Paris, Vrin, 1968, p. 122. [↩]Le normal et le pathologique, p. 84. [↩]Cette note inĂ©dite est citĂ©e par C. Limoges dans son Introduction Ă  l’édition du t. IV des ƒuvres complĂštes de Canguilhem, Paris, Vrin, 2015, p. 35. [↩] Les affects des animaux que l’on dit privĂ©s de raison quae irrationalia dicuntur [
] diffĂšrent des affects des hommes exactement autant que leur nature diffĂšre de la nature humaine. Le cheval comme l’homme est entraĂźnĂ© par le dĂ©sir libido de procrĂ©er; mais, dans un cas, il s’agit d’un dĂ©sir chevalin, et, dans l’autre, d’un dĂ©sir humain. De mĂȘme aussi les dĂ©sirs et appĂ©tits des insectes, des poissons, des oiseaux, doivent diffĂ©rer les uns des autres alii atque alii esse debent » Ethique III, scolie de la proposition 57. Autrement dit, le dĂ©sir, expression directe du conatus propre Ă  chaque ĂȘtre, Ă©chappe Ă  une mesure commune conduisant Ă  l’évaluer en termes de plus ou de moins en rĂ©fĂ©rence Ă  la nature idĂ©ale des buts qu’il poursuit. Selon Spinoza, il faut apprĂ©hender les dĂ©sirs en les ramenant Ă  leur source, qui est la tendance Ă  persĂ©vĂ©rer dans leur ĂȘtre de leurs porteurs, autrement dit la puissance d’agir spĂ©cifique de ceux-ci, et non d’aprĂšs les buts auxquels ils sont rapportĂ©s de façon le plus souvent imaginaire si on juge bonnes certaines choses de prĂ©fĂ©rence Ă  d’autres, c’est parce qu’on les dĂ©sire comme on est incitĂ© Ă  le faire par sa constitution propre, Ă©ventuellement modulĂ©e par les alĂ©as d’une histoire personnelle tout vivant ayant son histoire Ă  lui, et non l’inverse. Le dĂ©sir de procrĂ©er du cheval s’explique par sa nature d’espĂšce, qui n’a rien Ă  voir avec celle dans laquelle le dĂ©sir de procrĂ©er de l’homme prend sa source. [↩]Cela autorise-t-il Ă  avancer que les plantes, elles aussi, pensent » ? Oui, si on renonce au prĂ©jugĂ© anthropomorphique en dĂ©veloppant une conception de la pensĂ©e qui ne prend pas pour modĂšle les formes spĂ©cifiques selon lesquelles celle-ci est pratiquĂ©e par les humains, Ă  la suite d’une longue histoire dont rien ne permet d’ailleurs d’affirmer qu’elle ait atteint son terme. Penser, on n’a que trop tendance Ă  l’oublier, est en premier lieu une activitĂ© ; davantage encore, c’est une activitĂ© qui s’effectue en contexte, et en rĂ©ponse aux sollicitations transmises par ce contexte ramenĂ©e Ă  ses modalitĂ©s Ă©lĂ©mentaires, qui ont leurs racines dans la sensibilitĂ©, – la sensibilitĂ© n’étant rien d’autre que la conscience qu’a l’ĂȘtre qui en dispose du contexte dans lequel il vit –, cette activitĂ© consiste Ă  opĂ©rer en pratique des choix, sans avoir besoin pour cela de les thĂ©oriser Ă  distance. Penser, c’est donc en tout premier lieu, avant rĂ©flexion, juger, s’orienter, quitte Ă  subir les consĂ©quences de choix qui peuvent ĂȘtre, c’est mĂȘme souvent le cas, malheureux, inappropriĂ©s. Les idĂ©es » qui accompagnent ces manifestations spontanĂ©es, primordiales, de la pensĂ©e par lesquelles elle se ramĂšne au fait de prĂ©fĂ©rer et/ou d’exclure, risquent d’ĂȘtre, dirait Spinoza, fort inadĂ©quates, ce qui ne les empĂȘche pas, Ă  dĂ©faut de pouvoir s’afficher et se faire reconnaĂźtre comme des idĂ©es vraies, d’ĂȘtre de vraies idĂ©es. Il est manifeste que ni la plante ni l’amibe n’ont souci de la vĂ©ritĂ© les gestes Ă©lĂ©mentaires qu’elles accomplissent en Ă©tant guidĂ©es par leur seule sensibilitĂ© tĂ©moignent en elles de l’intervention d’une pensĂ©e revĂȘtant l’allure de ce qu’on peut appeler un sens pratique », c’est-Ă -dire un savoir-faire non reprĂ©sentationnel, dont les sujets » sont eux-mĂȘmes des sujets pratiques ; ces sujet disposent comme tels d’un certain sens du possible, parce qu’ils sont engagĂ©s dans des schĂšmes d’action qu’ils mettent en oeuvre Ă  leur niveau selon un certain style qui leur est propre. À ce niveau, qui est Ă  la fois le plus Ă©lĂ©mentaire et le plus gĂ©nĂ©ral, penser, activitĂ© concrĂšte qui s’exerce nĂ©cessairement en situation, n’est rien d’autre que s’orienter dans un monde non dĂ©jĂ  tout donnĂ©, mais reconfigurĂ© Ă  mesure que le sujet qui s’y oriente y rĂ©alise en acte les besoins et les tendances qui spĂ©cifient sa position et sa posture de sujet. C’est cette approche des processus de la cognition que Francisco J. Varela esquisse en se servant du concept d’énactivité» Le monde n’est pas quelque chose qui nous est donnĂ© c’est une chose Ă  laquelle nous prenons part en fonction de notre maniĂšre de bouger, de toucher, de respirer et de manger [
] Dans la dĂ©marche Ă©nactive, la rĂ©alitĂ© n’est pas un donnĂ© elle dĂ©pend du sujet percevant, non pas parce qu’il le construit » Ă  son grĂ©, mais parce que ce qui compte Ă  titre de monde pertinent est insĂ©parable de ce qui forme la structure du sujet percevant. » Quel savoir pour l’éthique ? action, sagesse et cognition, trad. fr., Paris, La DĂ©couverte, 1996, p. 24 et p. 30. [↩]Selon Francisco J . Varela, ce sujet Ă©nactif», indissociable de sa situation et de son action, n’est pas un sujet rĂ©flexif, sujet dĂ©doublĂ© dĂ©tenant une position surplombante par rapport Ă  l’ensemble de ses activitĂ©s, activitĂ©s cognitives comprises, qu’il contemple comme de l’extĂ©rieur son identitĂ© de sujet n’est jamais acquise dĂ©finitivement, mais elle est le rĂ©sultat d’un travail incessant qui, au fur et Ă  mesure de son dĂ©roulement, la compose, la dĂ©compose et la recompose ; c’est une identitĂ© virtuelle, qui ne s’accomplit qu’à travers ses effets et ses Ɠuvres. [↩]C’est ce que veut dire Spinoza lorsqu’il utilise la formule persĂ©vĂ©rer dans son ĂȘtre », qui indique, non la conservation Ă  l’identique d’un Ă©tat donnĂ© qu’il n’y aurait qu’à perpĂ©tuer, mais le processus par lequel le sujet » concernĂ© est amenĂ© en permanence Ă  remettre en question et Ă  renĂ©gocier, sans garantie aucune, ses conditions d’existence. [↩]À l’examen, les choses se rĂ©vĂšlent toutefois plus compliquĂ©es le passage du gĂ©ocentrisme Ă  l’hĂ©liocentrisme, se ramĂšne aprĂšs tout au dĂ©placement d’un centrisme » Ă  un autre. A. Comte en tirera argument pour revaloriser, dans un esprit de totalisation, le concept de monde, – un cosmos identifiĂ© au systĂšme solaire tel qu’il est expliquĂ©, aprĂšs Newton, par Laplace – au dĂ©triment de celui d’univers. La considĂ©ration du systĂšme solaire dont nous faisons partie nous offre Ă©videmment un sujet d’étude bien circonscrit, susceptible d’une observation complĂšte, et qui devrait nous conduire aux connaissances les plus satisfaisantes. Au contraire la pensĂ©e de ce que nous appelons l’univers est par elle-mĂȘme indĂ©finie, en sorte que, si Ă©tendues qu’on veuille supposer dans l’avenir nos connaissances rĂ©elles en ce genre, nous ne saurions jamais nous Ă©lever Ă  la considĂ©ration de l’ensemble des astres. » Cours de philosophie positive, 19e leçon, Oeuvres, t. II, Paris, Anthropos, 1968, p. 7 Le monde, dans ce sens, c’est l’ensemble des phĂ©nomĂšnes auxquels nous avons accĂšs, l’univers Ă©tant renvoyĂ© au statut de chose en soi inconnaissable, proprement inhumaine, ou du moins sans intĂ©rĂȘt pour l’homme. Cependant, dans le Cours de philosophie positive, Comte soutient, thĂšse dont LittrĂ© fera l’un des dogmes du positivisme tel qu’il le comprend, que, leur relation d’appartenance rĂ©ciproque Ă©tant Ă©tablie, il faut raisonner du monde Ă  l’homme et non l’inverse Le monde d’abord, l’homme ensuite telle est, dans l’ordre purement spĂ©culatif, la marche positive de notre intelligence, quoique, dans l’ordre directement actif, elle doive ĂȘtre nĂ©cessairement inverse. Car les lois du monde dominent celles de l’homme et n’en sont pas modifiĂ©es. » 40e leçon, Oeuvres, t. III, p. 315. Cette position sera remise en cause durant la seconde carriĂšre philosophique » de Comte, qui fait passer au premier plan la synthĂšse subjective ». [↩]J. von UexkĂŒll, Mondes animaux et monde humain, Paris, Gonthier, 1956, p. 26. [↩]J. von UexkĂŒll, Mondes animaux et monde humain, Paris, Gonthier, 1956, p. 80. [↩] ConformĂ©ment aux diverses connotations d’activitĂ©, les images perceptives des nombreux habitants du chĂȘne seront structurĂ©es de maniĂšre diffĂ©rente. Chaque milieu dĂ©coupera une certaine rĂ©gion du chĂȘne, dont les particularitĂ©s seront propres Ă  devenir porteuses aussi bien des caractĂšres perceptifs que des caractĂšres actifs de leurs cercles fonctionnels [
] Dans les cent milieux qu’il offre Ă  ses habitants, le chĂȘne joue de multiples rĂŽles, chaque fois avec une autre de ses parties. La mĂȘme partie est tantĂŽt grande, tantĂŽt petite. Son bois, tantĂŽt dur, tantĂŽt mou, sert Ă  la protection aussi bien qu’à l’agression. Si l’on voulait rassembler tous les caractĂšres contradictoires que prĂ©sente le chĂȘne en tant qu’objet, on n’aboutirait qu’à un chaos. Et pourtant ces caractĂšres ne font partie que d’un seul sujet, en lui-mĂȘme solidement structurĂ©, qui porte et renferme tous les milieux – sans ĂȘtre reconnu ni jamais pouvoir l’ĂȘtre par tous les sujets de ces milieux. » id., p. 79-80 [↩]Kurt Goldstein, Der Aufbau des Organismus, La Haye, Martin Nijhoff, 1934, trad. fr., La structure de l’organisme, Paris, Gallimard, 1951, p. 69-70. [↩] L’expĂ©rimentation en biologie animale », La connaissance de la vie, Paris, Vrin, 1965, p. 39. [↩]
\n\n \nqu est ce qui est au milieu de paris
. 303 27 4 140 492 114 52 414

qu est ce qui est au milieu de paris